Billet collectif n°10: CETA/Wallonie: sentiment ou objectivité?

Billet collectif n°10: CETA/Wallonie: sentiment ou objectivité?

Cette année le cours de Méthode d’enquête de terrain s’attaque au concept de la post-vérité. Il semblerait, en effet, que nous soyons dans l’ère post-vérité ou post-factuelle ; ce phénomène concerne autant les médias que le monde politique, etc. Selon l’Oxford Dictionary, la « post-vérité » désigne, dans une culture politique récente, « les circonstances dans lesquelles les faits objectifs ont désormais moins d’influence pour former l’opinion publique que les appels à l’émotion et aux croyances personnelles ».

 

Dans ce cadre théorique, nous avons choisi de travailler sur le thème des médias traditionnels francophones et leur couverture de la « crise CETA/Wallonie ».

Le CETA, comparable au TAFTA et au TTIP, est un accord de libre-échange entre l’Union Européenne et le Canada. Selon les procédures européennes pour les traités dits mixtes, ce dernier devait être signé par l’UE ainsi que l’ensemble des gouvernements des pays membres. C’était sans compter sur l’inattendu refus du gouvernement wallon, guidé par son ministre président Paul Magnette, qui déclencha pléthores de réactions dans les médias francophones à travers le monde.

 

Suite à la lecture de différents articles louant ou, au contraire, décriant la position wallonne et le blocage qui s’en est suivi, nous avons été interpellé par les réactions, presque semblable à un sentiment de fierté régionale, que ces articles ont réveillés en nous (simple lectrices wallonnes).

 

Notre question s’intitule donc de la manière suivante : « La post-vérité : Comment joue-t-elle un rôle ou non dans la couverture de la crise CETA/Wallonie par les médias traditionnels francophones ? ». À travers cette dernière, nous souhaitons voir si la façon dont les médias ont couvert l’information a eu un impact sur la population francophone. Une de nos hypothèses est que cette couverture médiatique a plus largement fait appel aux sentiments des lecteurs qu’à leur analyse critique de la situation.

 

Afin de réaliser cette enquête, nous avons décidé de combiner plusieurs méthodes de travail tels que l’analyse de discours ainsi que des entretiens semi-dirigés. Nous réaliserons un corpus d’articles médiatiques provenant de Wallonie, de France et du Québec afin d’analyser la terminologie des auteurs pour tenter de percevoir le possible impact émotionnel sur le lecteur. Nous comptons également nous concentrer sur le ressenti des lectures après la signature du traité.

En ce qui concerne l’échantillonnage de nos entretiens, nous ne savons pas encore quelle tranche de la population nous comptons cibler en particulier.

 

Il semble que cette recherche soit faisable dans la mesure où le terrain d’enquête est à proximité, sans compter sur la facilité linguistique qui rend les documents accessibles. Toutefois, nous présentons certaines difficultés. En effet, étant nous-même lectrices de journaux francophones, nous devrons faire preuve d’objectivité en parvenant à mettre de côté nos aprioris tout en gérant le temps limité qui nous est imparti.

 

Nous pensons que cette enquête de terrain apportera plus de clarté à ce débat. Nous espérons que, grâce à cette enquête, certains prendront conscience de ce phénomène de la post-vérité. Ce qui pourrait leur permettre d’être plus vigilant dans leurs futures lectures des médias.

Blandine Crutzen, Layla Fadili, Charlotte Jamar de Bolsée.

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