Manifeste pour une étude des théories du complots post-attentats dans l’imaginaire collectif bruxellois
La vague d’attentat terroriste qui touche actuellement l’Europe a remis les thèses complotistes à l’ordre du jour. Ces théories, qui s’établissent en contre vérité et questionnent la version officielle donnée par les Etats, sont d’autant plus visibles à ce jour de par le développement poussé du partage de l’information via les réseaux sociaux. Notre intérêt porte ici sur l’analyse de la sensibilité d’une population donnée aux vérités alternatives dans un contexte de menaces terroristes.
Aussi, notre question de départ est la suivante : Dans quelle mesure les attentats 2015-2016 (Charlie Hebdo, 13 novembre, 22 mars) ont-ils renforcé, alimenté, l’adhésion à l’imaginaire complotiste en Belgique ? Cette question, trop large au demeurant, est appelée à se restreindre par la suite afin de concentrer notre enquête sur une catégorie spécifique de la population Belge qui nous aura paru la plus pertinente au terme d’une recherche préliminaire. Nous pourrions également élargir la portée compréhensive et explicative du phénomène en tentant d’apporter une réponse à comment et pourquoi ce phénomène se développe.
Pour réaliser notre étude, nous utiliserons une approche hypothético-déductive. De ce fait nous établirons un état de l’art sur le champ d’étude qui porte sur les théories conspirationnistes ainsi que le terrorisme contemporain. Pour ce faire, nous concentrerons nos recherches sur des documents provenant de la bibliothèque de sciences humaines à l’ULB, ainsi que sur des bases de données existantes, Cible +, Google Schoolar ou encore Persée, Cairn et Academia. Nous établiront par la suite les hypothèses que nous soumettrons à une étude de type micro, par le biais d’entretiens qualitatifs, sans exclure une approche méso, en tentant d’approcher des collectifs telle que ReOpen911 par exemple.
Un questionnaire en ligne, bien que non représentatif, pourrait également nous fournir des pistes, de même que des entretiens avec divers individus de sexes, âges, milieux socio-professionnels, économiques et culturels différents. Pour ce faire nous utiliseront les réseaux sociaux mais également nos contacts (amis, famille, connaissances) ainsi que des fonctionnaires appartenant à certains types d’institutions telles que des responsables d’ASBL, si la faisabilité nous le permet, afin de constituer un échantillon d’individus hétérogène. L’apport d’outils comme Google Trend qui mesure le taux de recherche par mot clé sur une période et une zone géographique donnée est également à envisager, l’objectif principal étant de dégager un groupe le plus susceptible de répondre à notre question de recherche.
Après quelques lectures préalables et la prise en main de notre sujet, nous déterminerons la méthodologie la plus à même de justifier le choix d’un panel élargi ou non d’individus à interroger et la manière de le faire. Enfin, nous analyserons les résultats de nos enquêtes de manière à établir des comparaisons entre les réponses des différents individus et en tentant de dégager des typologies. Cette analyse nous permettra d’affirmer ou d’infirmer notre hypothèse de départ, voire d’en dégager une analyse pertinente mais non envisagée en premiers lieux.
Les difficultés que nous pourrions rencontrer résident dans le caractère anonyme lié à la propagation du complotisme. La dimension non officielle et le fait que l’expression complotiste, notamment sur les forums, se fait communément par le biais de pseudonymes pourrait rendre les entretiens qualitatifs difficiles à obtenir. D’autre part, la grande diversité des vérités alternatives pourrait faire obstacle à l’élaboration d’une synthèse pertinente des différentes théories. Enfin, il s’agira non seulement de définir une approche la plus neutre possible mais aussi de prendre garde à la manière d’approcher le sujet avant de le questionner de manière à ne pas créer de rapport dominant/dominé pouvant porter atteinte à la qualité et à la véracité des réponses obtenues.
Article complémentaire :
http://www.monde-diplomatique.fr/2015/06/LORDON/53070
Billet collectif
Méthode d’enquête – ULB 2017
Alexis C. – Xavier B. – Sophie G. – Mélissande B.