Billet Collectif n°8 – Le sentiment de peur et les discours politiques post-attentats en Belgique

Billet Collectif n°8 – Le sentiment de peur et les discours politiques post-attentats en Belgique

Notre travail portera sur les passions/émotions comme moteurs de mise à l’agenda de politiques sécuritaires en Belgique.

L’usage des émotions lors des discours politiques comme stratégie  pour influencer l’électorat n’est pas un phénomène spécialement récent. Néanmoins, dans une ‘ère post-vérité’, ce sujet devient particulièrement intéressant à analyser en raison de l’intensification de son usage au fil des années, notamment dans le domaine sécuritaire.

Lors d’un contexte de post-vérité où les facteurs objectifs sont devenus secondaires, le traditionnel recours à l’émotion devient une stratégie importante pour faire avancer les agendas politiques et influencer les réponses et comportements des électeurs. Dans ce contexte, les émotions sont utilisées comme un moyen de légitimer des discours politiques populistes et des mesures anti-démocratiques dites ‘urgentes’ ou ‘nécessaires’.

Un an après les attentats terroristes à Bruxelles, nous voyons que la vie quotidienne des Bruxellois a beaucoup changé. La présence des forces armées dans les rues de la Ville et sur le campus de l’Université est devenue une réalité encore difficile à laquelle s’habituer. Telle réalité à laquelle nous sommes confrontés tous les jours nous a poussés à choisir cette thématique.

Nous sommes partis d’une question de départ très large : « Quels sont les sentiments mis davantage en avance lors des discours politiques post-attentats en Belgique en 2016 ? ». Ayant en tête la faisabilité de la recherche, nous avons choisi de nous focaliser sur un sentiment en particulier : celui de l’insécurité, la peur.

Notre objectif sera de répondre à la question : « Comment le sentiment d’insécurité a été mobilisé par les politiciens lors de leurs discours avant et après les attentats terroristes à Bruxelles en Mars 2016 ? »

Notre hypothèse est qu’il y a eu une évolution des discours politiques plus appuyés sur le sentiment d’insécurité après les attentats, afin de justifier des mesures restrictives de libertés individuelles adoptées après ces événements.

Pour notre recherche nous utiliserons la méthode d’analyse des discours du Premier Ministre belge Charles Michel et du Ministre de la Défense Steven Vandeput après les attentats à Paris en Novembre 2015 et après les attentats à Bruxelles en Mars 2016. Nous ferons la comparaison de ces discours afin d’observer l’évolution de la mobilisation du sentiment de peur par ces deux politiciens.

En outre, nous irons vérifier si dans ces discours le sentiment d’insécurité est abordé comme une justification ou explication aux mesures sécuritaires annoncées après ces déclarations, comme par exemple l’approvisionnement de ressources pour la sécurité et l’augmentation des budgets dans ce domaine.

L’usage des entretiens pourra aussi nous aider, notamment comme outil d’approfondement sur les réactions immédiates aux discours et la perception d’insécurité.

Les difficultés pressenties pour le moment sont l’opérationnalisation du concept d’insécurité, notamment la peur en tant que phénomène communautaire. Nous ne devrons pas seulement chercher les mots « insécurité » et « peur » dans les discours, mais aussi tous les mots ou expressions associés à l’idée d’insécurité (champ lexical) et d’une certaine construction de menace extérieure qui justifierait la peur générale et la mise en place de nouvelles mesures de sécurité.

HOFFREUMON, Bruna

MORAIS, Ana Luíza

VANDERHOEVEN, Victor

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