2018-2019

2018-2019

La thématique 2018-2019 : CONFLIT

Comme beaucoup d’autres notions en sciences humaines et sociales, le « conflit » se situe au carrefour de multiples horizons et compréhensions.

Ses innombrables variantes sémantiques (opposition, dissension, rivalité, lutte, combat, crise, tension, guerre, révolution, violence, etc.) attestent que la « grammaire du conflit » va bien au-delà des seules luttes armées. Penser les dynamiques conflictuelles contemporaines requiert dès lors une approche relativement large de ce concept. Selon Julien Freund, le conflit « couvre l’ensemble des activités humaines et sociales en même temps qu’il dépeint les troubles et ruptures qui ébranlent chacune d’elles »[1]. En ce sens, l’étude de cette thématique ne se cantonne pas au champ de la guerre et de la paix mais s’étend également aux conflits d’ordre politique, économique, social, familial, institutionnel ou encore organisationnel, dans lesquels interviennent des divergences d’idées, d’intérêts, de personnes, de position idéologique, de valeurs, de principes, de croyances, etc.

La complexité inhérente à la polysémie de la notion de conflit tient également à la polyvalence de son rôle. Si cet élément consubstantiel aux sociétés humaines peut nuire à la paix et au fonctionnement de l’ordre social[2], il peut aussi contribuer à structurer et à réguler les rapports sociaux. Le conflit apparaît ainsi, pour Georges Simmel, moins comme un dysfonctionnement à normaliser que comme un facteur de régulation et d’intégration[3]. En ce sens, l’analyse de ce concept passe également par l’étude de ses fonctions sociales, de sa contribution au changement social, ou encore du conflit comme moteur de l’histoire.

Enfin, tout conflit est révélateur de la nécessité de résoudre certains problèmes. L’analyse de cette thématique renvoie dès lors également à l’étude de ses modes de résolution. Là aussi les possibilités de « fin » de conflit sont relativement nombreuses, qu’il s’agisse de la paix par le compromis, la victoire et/ou la domination ou encore imposée, le pardon, les modes juridictionnels comme l’arbitrage ou l’action judiciaire, les modes non-juridictionnels comme la négociation, la conciliation ou la médiation, sans oublier l’existence de conflits durables voire insolubles. En attestent, parmi d’autres, des questions d’actualité telles que …

Cette notion à multiples facettes, si souvent mobilisée dans les débats scientifiques et médiatiques, renvoie dès lors à des réalités diverses en fonction de l’unité d’analyse (la communauté internationale, l’État, la nation, la région, la société, l’individu, etc.), des formes prises par le conflit (guerres, débats, élections, mobilisations, compétitions sportives, etc.) et des répertoires d’action auquel il renvoie (physique, symbolique, juridique, esthétique, etc.). C’est dans le cadre de ce questionnement général sur la notion de conflit que devront s’insérer les sujets de vos enquêtes de terrain.

[1] Julien Freund, Sociologie du conflit, Paris, PUF, 1983, p. 6.

[2] Emile Durkheim, De la division du travail social, Paris, PUF, 2013.

[3] Georg Simmel, Le Conflit, Paris, Circé, 1992.