Dans le cadre de cette enquête de terrain, notre groupe s’est penché sur la question de la construction identitaire des femmes féministes arabes et/ou musulmanes et des différents combats sous-jacents à celle-ci. Notre hypothèse de départ était que ces femmes se trouvaient au cœur d’un combat double, à la fois contre le sexisme et contre le racisme. Pour réaliser ce billet personnel, je souhaite mettre l’accent sur la situation particulière que j’occupe au sein de cette recherche sur le féminisme en tant que seul homme de mon groupe. En effet, cette enquête m’a mis face à une problématique à laquelle j’étais jusqu’alors peu familier, ce qui représentait pour moi une opportunité intéressante d’accroître mes connaissance sur un sujet auquel je ne m’étais que vaguement intéressé auparavant. Cependant, cela a aussi représenté certaines difficultés, car je me suis régulièrement retrouvé au sein de discussions et de débats jugeant notre société machiste et critiquant certains comportements et privilèges accordés aux personnes de genre masculin.

Avant de commencer à effectuer nos entretiens, notre groupe s’est d’abord rendu à toute une série de conférences sur le féminisme et les particularités liées au féminisme au sein du monde musulman. Lors de ces conférences, les hommes étaient très largement minoritaires, la grande majorité des participants étant des femmes. Cela a suscité chez moi une certaine gêne, car je ne pouvait pas m’empêcher de prendre assez personnellement les nombreuses critiques émises à l’encontre du genre masculin. Bien que ces critiques n’étaient pas dirigées ver moi directement, le fait d’être l’un des seul représentant du genre masculin me donnait l’impression de devoir en quelque sorte assumer la responsabilité des inégalités et des comportements dénoncés par les féministes présentes lors de ces événements. Ce travail à donc représenté un réel défi de réflexion et de déconstruction de toute une panoplie de concepts liés au sexisme.

Par la suite, lors des différents entretiens menés au cours des dernières semaine, j’ai été amené à interroger un nombre assez important de  militantes féministes. Cela a eu pour effet de susciter en moi un intérêt important pour le sujet, tout d’abord car j’y avais déjà été fortement sensibilisé au cours des différentes conférences et lectures effectuées avant cela. L’un des éléments les plus marquants de cette recherche, d’un point de vue personnel, était la variété des parcours et vécus des interrogées ; chacune des militantes avec lesquelles nous nous entretenions avait une histoire très singulière et définissait le féminisme d’une façon qui lui était propre. Ces entretiens m’ont donc amenés à reconsidérer l’ensemble des choses que je pensais savoir sur le féminisme, et à ne plus le considérer comme un tout homogène, mais comme une variété de mouvements et de combats divergents, parfois même opposés.

Pour conclure ce billet, je souhaiterais encore insister sur le travail de réflexion que m’a amené a faire cette enquête en tant qu’homme. J’ai été amené dans un premier temps à déconstruire les divers a priori que j’avais sur le féminisme, pour ensuite prendre conscience de l’ampleur des inégalités de genres, affectant toutes les femmes mais de manière hétérogène.