Billet individuel de Benjamin Mawet: Brexit et identité européenne
Le Brexit est indubitablement un événement majeur de l’histoire de l’Union Européenne. La sortie d’un Etat membre étant sans précédent, les conséquences seront sans doute majeures tant au niveau économique que politique. Ce qui ressort de l’analyse du résultat, c’est la notion de proximité avec le système politique de l’UE et la divergence de position vis-à-vis de l’intégration européenne. L’issue de ce référendum s’apparente ainsi à un certain rejet de l’identité européenne, le concept autour duquel s’articule notre étude. En ce qui me concerne, je me suis entre autres chargé des lectures de contextualisation et de description du phénomène, ce afin de nous permettre une meilleure compréhension de l objet étudié.
Cette différence de proximité avec le système politique européen chez les britanniques peut s’expliquer par plusieurs facteurs, tels que le degré d’attachement national et son influence sur la perception des autres cultures, et bien évidemment des facteurs socio-économiques (éducatifs, géographiques et générationnels). Alors que l’ancienne génération et la classe ouvrière ont voté la sortie pour exprimer leur mécontentement, la nouvelle génération considère pour la plupart l’Union européenne comme une part de leur identité. Les possibilités d’ouverture internationale offertes par l’Union Européenne, telle que la possibilité d’étudier ou de faire un stage dans l’un des 28 pays de l’UE, sont une opportunité que les jeunes britanniques pourraient cependant bien voir disparaître.
Au regard de l’impact potentiel de cette décision sur les réseaux de mobilité étudiante telles que le programme Erasmus+ ou les conventions de stages et ayant au sein du groupe des projets à l’étranger, ce sujet nous a particulièrement intéressé. Il nous a donc semblé particulièrement pertinent d’étudier la question de l’identité européenne chez les étudiants britanniques effectuant un stage à Bruxelles, et ce malgré un contexte particulier, dont je m’attache ici à définir les enjeux.
Les retombées restent pour l’instant vague sur de nombreux points. La procédure de sortie des Royaumes Unis, seulement initiée en mars 2017, devrait en effet durer aux alentours de deux ans. Endéans ce délai, les étudiants britanniques en mobilité ou en stage à Bruxelles, ne feront donc face à aucun changement et continueront à jouir des mêmes privilèges, qu’il me paraît judicieux de rappeler. Contrairement aux mobilités étudiantes qui bénéficient des fonds du programme Erasmus, il n’y a à l’heure actuelle aucun programme propre à l’UE vis-à-vis des stages à l’étranger. Le Brexit n’affectera donc probablement pas les stagiaires autant que les étudiants, qui pourraient avoir à payer des frais bien plus élevés qu’auparavant dans une université européenne. Dans cette optique, les stagiaires interviewées lors de nos entretiens ne peuvent pas tout à fait être considérées comme profitant d’une « dernière chance » en Europe, comme l’auraient pu l’être des étudiants. Gardons toutefois à l’esprit que, dans le futur et selon l’issue des négociations, la libre circulation des étudiants britanniques au sein de l’UE risque d’être fortement entravée.
Autre aspect à prendre en compte, le mécontentement des entreprises britanniques vis-à-vis de la situation pourraient au contraire tendre à accroitre leur présence dans l’union afin de rester au plus proche du marché commun. Les Britanniques en stage à Bruxelles et en Europe ne sont donc pas près de disparaître et une certaine partie d’entre eux ne semble pas encline à abandonner son identité européenne.