Résultats de notre enquête : Les facteurs pouvant expliquer une divergence d’identité politique entre un élève de dernière année d’études secondaires et ses parents. (Groupe 13)
Ce billet consiste à vous présenter les résultats de notre enquête. Celle-ci part de la question suivante : « Chez les jeunes de dernière année d’études secondaires, quels sont les facteurs expliquant le fait qu’ils aient une identité politique qui diffère de celle de leurs parents ? ». Nous avons mené cette enquête par la méthode du focus-groupe. Celui-ci était composé de trois élèves disant avoir une identité politique différente de celle de leurs parents, ainsi que de trois autres pour lesquels ce n’est pas le cas.
Voici donc, dans un ordre aléatoire, les différents facteurs pouvant expliquer le fait que, chez les jeunes de dernière année d’études secondaires, certains d’entre eux ont une identité politique différente de celle de leurs parents.
Premièrement, les élèves ont l’occasion de développer un esprit critique grâce aux cours qu’ils suivent, aux connaissances qu’ils acquièrent, et peuvent donc se forger des opinions politiques potentiellement divergentes de celles de leurs parents.
Deuxièmement, les médias et les réseaux sociaux semblent être une source d’information et d’instruction importante pour les jeunes. Cette source étant le moyen principal par lequel ils s’informent sur l’actualité, elle leur permet de s’auto-informer et de s’auto-sensibiliser aux différentes thématiques politiques, indépendamment de toute influence de la sphère familiale ; chose qui n’était pas possible du temps de la jeunesse de leurs parents étant donné qu’Internet n’existait pas à ce moment-là.
Troisièmement, l’identité politique d’un jeune et celle de son parent peuvent être différentes, du fait que ceux-ci n’ont pas le même vécu et qu’ils n’ont donc pas été impactés par les mêmes expériences et « évènements de vie ». Ce facteur – que nous pourrions appeler « le vécu personnel » – pourrait alors être généralisé à l’ensemble des individus, quels qu’ils soient, puisque, par définition, les vécus de ceux-ci sont différents les uns des autres.
Quatrièmement, les parents d’élèves de dernière année d’études secondaires semblent avoir construit leur identité politique dans le cadre d’une société où les individus se référaient pour cela à l’axe « gauche-droite ». Or, il semblerait que les jeunes d’aujourd’hui n’ont pas ce même axe pour référence principale et auraient dès lors de multiples possibilités en termes d’identification politique. L’origine de ceci serait alors liée à l’« éclatement » relativement récent des partis politiques et de leurs idées.
Cinquièmement, le fait qu’un parent ait grandi dans un autre pays que la Belgique – et qu’il ait donc été impacté par un environnement culturel, social et politique différent de celui dans lequel a grandi son enfant – semble avoir pour effet que leurs identités politiques respectives se sont construites différemment.
Sixièmement, les thématiques politiques qui, actuellement, sont saillantes – telles que l’écologie ou l’accueil des migrants – semblent impacter la construction de l’identité politique des jeunes. Bien que ces préoccupations politiques existent depuis des décennies et donc déjà du temps de la jeunesse des parents de ces jeunes, la manière dont celles-ci s’imposent aujourd’hui au sein de la société semble particulièrement impacter et sensibiliser ces élèves.
Septièmement, le fait qu’un individu ait grandi au sein d’un environnement caractérisé par une diversité ethnoculturelle et que cela ne soit pas le cas de son parent, semble avoir pour effet que les identités politiques respectives de ceux-ci auront tendance à être divergentes. (Les élèves qui ont pris part à notre focus-groupe ayant tous dit avoir grandi dans un tel environnement, nous n’avons pas pu vérifier si ce facteur peut être effectif dans le cas inverse, c’est-à-dire dans le cas où c’est le parent qui a grandi au sein de ce type d’environnement et non pas son enfant).
Huitièmement, les discussions entre amis au sujet de thématiques politiques semblent intervenir dans la construction d’identité politique des jeunes. Ceci leur permettrait alors potentiellement de se forger des opinions différentes de celles de leurs parents. Nous pourrions appeler ce huitième facteur « la socialisation secondaire des jeunes ».
Ces trois derniers facteurs valident trois de nos cinq hypothèses de départ. Concernant les deux restantes, nous n’avons pas pu les (in)valider, car les élèves ayant pris part à notre focus-groupe ont émis des questionnements à leur égard.
La première de ces hypothèses « en suspend » concerne le lien entre l’existence d’une relation conflictuelle entre un jeune et son parent et l’existence d’une divergence d’identité politique entre ceux-ci. Autrement dit, est-ce que le fait de ne pas penser politiquement de la même manière que son parent, est la cause ou la conséquence d’une relation conflictuelle ? Ou est-ce-que ce lien est plus complexe, plus « entremêlé » ?
La deuxième hypothèse « en suspend » est la suivante : « Un jeune de dernière année d’étude secondaire n’a pas la même identité politique que celle de ses parents du fait que ceux-ci sont croyants et que ce n’est pas son cas à lui (ou inversément) ». En effet, les six jeunes ayant pris part à notre focus-groupe étaient en questionnement lorsqu’ils ont discuté de la potentielle influence des croyances religieuses d’un individu sur ses opinions politiques. Cependant, les six jeunes pensent que le fait d’être croyant a généralement un impact minime sur les opinions politiques, sauf peut-être en ce qui concerne les thématiques liées à la vie et à la mort – telles que l’euthanasie ou le droit à l’avortement – et les questions plus « symboliques », telles que le mariage pour les couples de même genre.