Billet collectif 2 – Groupe 5 : Les résultats
Voici les résultats de notre recherche portant sur la construction identitaire des femmes féministes arabes laïques et musulmanes.
Concernant notre 1ère hypothèse : « En Belgique, le féminisme des femmes arabes est créateur d’une identité hybride combinant principalement un combat anti-raciste et antisexiste » ;
Nous avons constaté une affirmation de ces deux combats.
Premièrement, concernant le combat antisexisme. Il s’agit spécifiquement un combat pour une égalité totale des sexes au niveau de la loi, mais nous avons constaté des divergences en ce qui concerne la notion d’égalité ; certaines prônent une égalité totale (tant au niveau public ; les droits, salaires ; etc. qu’au niveau privé concernant par exemple la répartition des tâches et perception des rôles au sein du foyer) ; tandis que d’autres sont dans une optique de complémentarité. Le fait d’être musulmane ou non semble ne pas avoir d’influence sur le type d’égalité souhaité.
Ce premier combat s’organise de différente manière selon l’association/collectif dont font partie ces femmes mais de nombreuses méthodes similaires ont été soulevées. Celui-ci s’organise donc principalement par la sensibilisation des femmes, leur démontrer que le sexisme n’est pas « normal », par des ateliers d’auto-confiance, des séances pour informer les femmes de leurs droits et leur fournir des outils leur permettant de faire face au sexisme, par des animations au sein des écoles et des maisons de femmes, des jeux de rôle, des colloques, des journées d’études, des manifestations. D’autres méthodes, plus originales, comme par exemple « les femmes au café », les femmes se rendent en groupe dans les cafés où se retrouvent surtout des hommes et s’installent pour ainsi démontrer de leur droit de présence en ces lieux, étant un lieu public mais généralement peu fréquenter par ces femmes, suscitant ainsi débat et discussion avec eux.
Le combat se fait aussi au sein de leur foyer, en suscitant le débat sur ce combat, en amenant des réflexions et discussions de par leur militantisme, que ce soit avec leurs parents, leurs maris et/ou enfants. Comme par exemple : l’une des femmes interrogées nous a expliqué qu’elle poussait ses enfants à l’accompagner lors de manifestations etc. et qu’à présent son fils ainé l’accompagnait à chaque fois, avait développé une réflexion féministe et militait à ses côtés.
Deuxièmement, concernant le combat antiracisme, les femmes que nous avons interrogées mettent majoritairement en évidence du racisme au sein de leur travail et sur le marché du travail.
Nous avons constaté une organisation plus spécifique d’activités visant ce combat particulier par les féministes musulmanes, plus souvent les féministes arabes travaillent en collaboration avec d’autres associations comme par exemple le OMRAX luttant spécifiquement contre le racisme et autres inégalités. Ce combat s’organise donc principalement autour d’activités culturelles ouverts à toutes les cultures pour « démystifier » la femme musulmane, collaboration avec plusieurs groupes, animations sur les clichés au sein des écoles, création d’outils pédagogiques.
Un axe commun aux deux féminismes est de sensibiliser/informer les femmes se sentant victimes de racisme sur leurs droits et lois en vigueur.
Les femmes que nous avons interrogées considèrent que ces deux combats sont en réalité liés, l’un ne va pas sans l’autre. Il s’agit, pour elles, d’une question d’acceptation de la liberté des autres. Cette notion étant centrale dans les deux féminismes.
Nous avons également relevé d’autres combats comme par exemple ; un combat contre l’hégémonie qui n’est pas toujours prête à laisser les autres s’émanciper par eux-mêmes et par leurs moyens. Elles considèrent, de ce fait, le discours des féministes « occidentales » est paternaliste et intolérant. C’est un discours incohérent qui déforce le féminisme en général, et qui lieu de plus de justice, recréé de l’injustice.
Elles estiment toutefois que le combat avec les féministes universalistes est le même, il s’agit d’une lutte pour l’égalité. Elles prônent la mise en place d’un système fédérant les différents féminismes pour mener un combat en collaboration sur les points où ces différents féminismes convergent et également dans lequel les spécificités peuvent se retrouver et être combattues plus spécifiquement.
Au sein de leur famille, le militantisme a parfois été dur d’être accepté dans un premier temps, mais est au fur et à mesure accepté et même parfois soutenu et encouragé. Au sein de la société belge, il semblerait que les initiatives « laïques » comme celles de l’association AWSA soient bien accueillies. Par contre, les féministes musulmanes perçoivent une certaine réticence face à des initiatives dès lors qu’une perspective religieuse (musulmane) est présente.
Concernant notre deuxième hypothèse : « La manière dont ces combats sont menés par les féministes arabes laïques est différente de celle menée par les féministes arabes de confession religieuse menant donc à une identité hybride différente. ».
Cette hypothèse a été partiellement affirmée. L’identité hybride, issue des deux combats explicités précédemment, semble, en ce qui concerne notre échantillon, être identique selon qu’il s’agisse de féministes de confession religieuse ou de féministes laïques.
Néanmoins, les méthodes pour mener ces combats et ainsi construire cette identité hybride sont différentes. Les féministes musulmanes vont faire référence aux versets coraniques et en développer une interprétation, donnant ainsi une base spirituelle à leur combat. Les féministes laïques vont faire référence aux droits civiques, la citoyenneté, déterminant ainsi une base légale à leur combat. Au sein des deux types de féminismes il y a un questionnement sur le voile et la religion mais selon qu’il s’agisse du féminisme laïque ou musulman mais donc, chez les femmes musulmanes laïques il n’est pas pris comme base d’organisation des combats.
Pour les deux groupes, l’islam est perçu comme un outil émancipateur, invitant à plus de justice. Tout dépend de la façon dont il est vécu, interprété, d’où l’importance, selon elles, de la déconstruction des préjugés et stéréotypes existant autour de la religion.
Les femmes que nous avons interrogées sont consciente de la contrainte, et les dénoncent comme par exemple le fait que des jeunes filles se font imposer de porter le voile alors qu’elles ne sont pas en âge de comprendre la religion.
Il est ici, mise en évidence, l’importance de la liberté de choix, et de la nécessité d’accepter et de respecter le choix de chacune à partir du moment où il y a eu une vraie réflexion derrière.