Selon le rapport annuel de 2021 sur le personnel de la Commission Européenne, les Italiens employés au sein de l’institution représentent actuellement le deuxième groupe le plus important en termes de nationalité, avec un taux de 12,8 %. De plus, les statistiques de 2016 (année où le pourcentage était de 11,6) à 2021 fournies par le bulletin statistique de la Commission Européenne sur les Ressources Humaines (les seules données actuellement disponibles), démontrent que le nombre d’employés italiens augmente progressivement chaque année. Néanmoins, ce que ces statistiques illustrent, c’est qu’en vue du nombre élevé d’employés, il n’y a pas une distribution homogène des postes qu’ils occupent. En effet, si nous observons les données statistiques, nous constatons que sur la totalité des Italiens, la majorité est employée à contrat temporaire.  

Ce projet de recherche a pour objectif de comprendre les raisons de ce phénomène et donc d’identifier les facteurs qui peuvent expliquer cette situation. Plus précisément, en nous appuyant sur les travaux de D. Georgakakis et MW. Baueur sur les effets des transformations de la fonction publique au sein de la Commission européenne, nous essayerons de comprendre si ces changements des compétences requises, notamment managériales, ont un impact sur la position des Italiens au sein de la Commission.  

Pour ces raisons, nous proposons de rédiger notre question de recherche comme suit : « Comment les transformations de la fonction publique européenne peuvent affecter les postes occupés par les Italiens au sein de la Commission Européenne ? » 

L’une de nos hypothèses de départ est que le capital culturel, notamment la typologie des formations offertes en Italie, pourrait être un facteur (parmi d’autres) qui influence cette tendance, aussi bien que le capital social et plus en particulier le rôle des “réseaux” au sein de la Commission. En effet, ils pourraient être un atout dans l’acquisition des compétences requises et donc, en nous basant sur les travaux de M. Ballatore sur la précarisation du parcours dans le secteur de l’emploi au sein de la Commission européenne, il pourrait être pertinent de comprendre leur rôle.  

En ce qui concerne le cadre théorique, nous avons décidé d’adopter une approche néo-institutionnaliste. En effet, nous voulons essayer de mesurer l’impact des transformations au sein de la Commission sur les individus, qui doivent se conformer à ces changements, en adoptant de nouvelles stratégies afin d’acquérir les habilités requises. En outre, au cours de notre projet de recherche, certaines théories-clés seront mobilisées, comme celle du capital de Bourdieu, qui pourrait nous aider à comprendre dans quelle mesure le capital social et culturel impactent le phénomène étudié.

D’un point de vue méthodologique, nous adopterons une approche qualitative, qui reposera sur des entretiens avec des intérimaires italiens à la Commission européenne. Cela inclut ceux qui ont déjà participé au concours afin d’être promus à titre de fonctionnaires permanents, mais qui n’ont pas réussi, et ceux qui n’ont pas participé au concours. La deuxième catégorie est intéressante afin de voir s’ils ne veulent pas ou s’ils ne peuvent pas le faire pour certaines raisons. Ces deux types d’employés italiens sont des personnes-clés à interroger pour comprendre les raisons de leur situation en tant qu’employé en contrat temporaire, et non en tant que fonctionnaires permanents. Par ailleurs, nous interrogerons également les fonctionnaires permanents italiens qui ont réussi, afin d’essayer de comprendre quels facteurs leur ont permis d’atteindre leur position actuelle. En ce qui concerne le type d’interview, nous avons décidé de réaliser des entretiens semi-directifs. Cela donnera plus de latitude aux personnes interrogées tout en nous garantissant un minimum de contrôle sur la conduite de l’interview. Notre raisonnement sera déductif. Nous allons donc commencer notre recherche explorant la littérature sur le sujet afin de poursuivre la formulation d’hypothèses, que nous testerons ensuite sur le terrain.

Sources:

Statistiques: https://ec.europa.eu/info/about-european-commission/organisational-structure/commission-staff_en

Littérature:  

Bauer, Michael W. “Diffuse Anxieties, Deprived Entrepreneurs: Commission Reform and Middle Management.” Journal of European public policy 15, no. 5 (2008): 691–707.

Ballatore, Magali, and Jean-Baptiste Bertrand. “La Précarisation Des Parcours Sur Le Segment Secondaire de L’emploi à La Commission Européenne de Bruxelles.” Emulations (Imprimé), no. 28 (2019): 47–61.

Georgakakis, Didier. “L’administration de l’Union européenne à la croisée des chemins.” Revue française d’administration publique 133, no. 1 (2010): 5–16.