[Groupe 12] Billet collectif – Mobilité des post-doctorants

[Groupe 12] Billet collectif – Mobilité des post-doctorants

Notre enquête a commencé tout d’abord par un travail collectif d’exploration du sujet et la délimitation de notre échantillon. Nous avons choisi de nous concentrer sur les post-doctorants, à l’ULB majoritairement, notamment grâce à la posture internationale de l’ULB. Nous avons ensuite commencé à contacter des post-doctorants à l’ULB, par mails et sur le réseau LinkedIn. La majorité de nos enquêtés ont été contactés par LinkedIn car ils étaient plus réceptifs à nos messages. Cette étape était compliquée, mais nous avons quand même reçu assez de réponses. Après la rédaction d’un questionnaire qui permettait d’aborder nos hypothèses, nous avons conduit nos entretiens de manière individuelle. Ces entretiens, semi-directifs, ont duré entre 30 minutes et 1 heure et se tenaient en français ou anglais. Nous avons conduit un total de 26 entretiens, avec des post-doctorants de différents domaines (sciences naturelles comme sciences sociales) et de différentes nationalités. Après avoir retranscrit nos entretiens, nous avons analysé nos résultats et les avons comparés entre eux. Cette étape était difficile car il y avait beaucoup de données mais nous avons réussi à déterminer trois grands thèmes et à les mettre en lien avec la théorie pour confirmer ou infirmer nos hypothèses.

Sur la base des études précédentes sur la mobilité académique, nous avons développé trois hypothèses que nous avons essayé de vérifier au cours de l’enquête. Dans les paragraphes suivants, nous présenterons les résultats et les nouvelles connaissances que nous avons obtenus au cours des entretiens.

Le premier choix d’hypothèse était fondé sur l’aspect international de la recherche représentant un type de capital propre selon les lectures académiques étudiées, notamment sur l’étude des formes de capitaux (Bourdieu, 1986). Nous remarquons l’importante utilité de l’internationalisation dans le milieu des post-doctorants, ainsi que la façon dont celle-ci est mobilisée afin de promouvoir leur position académique au sein du champ de la recherche. En effet, il existe dans celle-ci une lutte permanente entre ses membres ayant un intérêt commun, étant ici effectuée par le biais de ressources telles que des sources de financements (le FNRS en est un exemple relativement commun pour les interviewés), où d’établissement de contacts professionnels afin de s’ériger dans ce milieu. La mobilité internationale des chercheurs apparaît comme bénéfique dans l’acquisition de savoirs universels, apparaissant comme un pilier dans la carrière professionnelle des jeunes chercheurs. En raison du nombre limité d’emplois à l’université, l’international rendrait le curriculum vitae plus attrayant : “On a un peu une injonction à aller travailler à l’international, à faire des post-doc à l’international pour avoir cette marque sur notre CV” (B.M). Cependant, la plupart des post-doctorants ont déclaré qu’ils n’avaient pas l’intention de retourner dans leur pays d’origine, plutôt de rester en Belgique ou d’aller dans un autre pays. Cette hypothèse est ainsi corroborée.

Pour notre deuxième hypothèse nous avions postulé que le domaine de la recherche est très précaire en termes de salaire mais aussi en termes de temporalité, ce qui rend difficile de mener une vie stable en tant que post-doctorant. En effet, les post-doctorants sont généralement embauchés sur la base de contrats précaires à court terme, avec peu ou pas de perspectives d’emploi continu (Oliver, 2012). Au cours des entretiens, les post-doctorants semblaient plutôt satisfaits de leur salaire. Plusieurs ont souligné que la Belgique offrait un niveau de vie plus élevé que leurs précédents postes de post-doctorants, ce qui, pour beaucoup, les a poussés à choisir l’ULB. Il reste important de noter que le monde académique et universitaire est souvent sous-financé et n’offre pas des revenus équivalents au privé. En ce qui concerne la précarité temporelle, la courte durée des contrats post-doctoraux (environ 1 à 3 ans) remet en question la portée et la viabilité d’une carrière universitaire. Cette précarité est une source d’instabilité professionnelle et une source de pression pour les jeunes chercheurs en ce qu’ils ont une injonction à la mobilité et à l’internationalisation. Cette hypothèse est liée à la première selon laquelle l’international joue un rôle crucial dans l’accumulation du capital. 

Des auteurs, comme Altbach (2004) et Franzoni et al. (2012), ont affirmé que la mobilité académique internationale est liée à des conditions souhaitables telles que les ressources et les opportunités dans le pays de destination. Par conséquent, notre troisième et dernière hypothèse postule que les opportunités académiques telles que les infrastructures disponibles pour les chercheurs sont un facteur important qui incite les jeunes chercheurs à venir à l’ULB. Sur la base des entretiens, nous pouvons confirmer qu’une des principales raisons d’aller à l’étranger est que l’ULB et la Belgique en général offrent diverses opportunités académiques et disposent de beaucoup de ressources. L’ULB laisse aux post-doctorants une liberté dans l’organisation, le choix et la conduite des projets ainsi qu’un bon environnement de travail qui fait que les post-doctorants se sentent appréciés dans leur position. Par rapport à de nombreux pays d’origine (y compris européens), l’ULB offre un ensemble d’infrastructures qui permettent aux chercheurs de réaliser leur projet avec plus de facilité. Notre troisième hypothèse peut donc être confirmée.

En ayant fait le choix de mener des entretiens semi-directifs avec des questions assez larges, cela a donné aux post-doctorants la possibilité d’évoquer et développer des faits dont nous n’avions pas conscience lors de la rédaction de nos hypothèses. Nous avons ainsi constaté une disparité au niveau des opportunités professionnelles à la suite du post-doctorat en fonction du domaine de recherche. En effet, les chercheurs en sciences sociales ont généralement pour but de trouver un poste dans l’académie, ce qui crée des tensions dans l’environnement de travail et des préoccupations sur l’incertitude de l’avenir au vu de la compétitivité de ce milieu. Les chercheurs en sciences exactes ou économiques sont, quant à eux, plus sereins vis-à-vis de leur avenir professionnel ; leurs domaines étant très demandés, ils sont assurés de trouver un poste dans le privé dans le cas où leur carrière académique soit un échec. En outre, il faut prendre en compte le domaine de recherche afin de pouvoir aborder plus précisément la question des post-doctorants.

Bibliographie

Altbach, P. G. (2004). Globalisation and the University : Myths and Realities in an Unequal World. Tertiary Education and Management, 10(1), 3-25.

Bourdieu, P. (1986). The forms of capital. In: Richardson, J., Handbook of Theory and Research for the Sociology of Education. Westport, CT: Greenwood: 241–258

Franzoni, C., Giuseppe, S., & Stephan, P. (2012). Foreign-born scientists : Mobility patterns for 16 countries. Nature biotechnology, 30, 1250-1253.
Oliver, E. A. (2012). Living flexibly? How Europe’s science researchers manage mobility, fixed-term employment and life outside work. The International Journal of Human Resource Management, 23(18), 3856‑3871.

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