[GROUPE 1] Billet collectif – Science po ULB: L’internationalisation des carrières des professeurs – le déroulement de l’enquête et résultats
Entre le 3 mars et le 10 mai 2022, nous avons réalisés une enquête auprès des professeurs
titulaires du département de Science politique en section générale et relations internationales de
l’ULB. Pour mener notre enquête nous avons décidé de nous orienter vers des entretiens semi-directifs qui permettent de répondre à nos hypothèses et notre question de départ. Regardant la
durée de nos entretiens, ils vont d’un minimum de trente minutes à un maximum d’une heure. Nous avons aussi procédé à une analyse factorielle multiple afin de compléter notre compréhension de nos résultats et avoir une image plus clair de ce que cela représente.
Par ailleurs, dans le déroulement de cette enquête, il est a noté que nous avons rencontré divers obstacle et difficulté. Un premier étant organisationnel quant à la coordination entre les membres du groupe dû aux emplois du temps fort différent. De plus, étant donné que pour la plupart d’entre nous, nous n’avons pas ou peu d’expérience dans le domaine des entretiens, il a parfois été difficile de les mener. En effet, que ce soit pour garder les reines ou pour ne digresser, il a parfois été difficile de rester en possession de tout nos moyens. Par ailleurs, nous avons constaté une forte tendance à l’auto-objectivation de nos interrogés rendant complexe l’obtention d’information permettant le construction d’une analyse objective. Il est aussi à noter que la transcription des entretiens est un passage très long et laborieux qui nous a demandé beaucoup de temps. Malgré cela nous avons tout de même beaucoup appris quant à la manière dont des entretiens et une enquête s’organise et se déroule. Cela nous sera très utile pour nos futurs recherches.
Tout ce déroulé et cette méthode axée sur la recherche qualitative nous a permis d’en venir aux résultats qui vont suivre.
Au départ de notre enquête, nous avions identifié cinq hypothèses concernant l’internationalisation des politistes de l’Université libre de Bruxelles. Il s’agissait, pour la première d’entre elles, de montrer qu’il était possible de dégager des attributs communs aux universitaires rattachés aux unités de recherche « Centre d’Étude de la Vie Politique » (CEVIPOL, Politique interne et Politique comparée) et « Recherche et Études en Politique Internationale » (REPI, Relations internationales). Grâce à un traitement statistique des données récoltées lors de nos entretiens, nous avons confirmé que cela était effectivement réalisable.
Plus spécifiquement, il s’agissait pour nous de saisir à quel point le caractère « internationalisé » des chercheurs se trouvait déterminant pour comprendre l’appartenance à une unité de recherche ou à une autre. Nous avons mesuré cette internationalisation sous deux angles. D’abord, du point de vue de la carrière : c’est l’internationalisation académique. Nous l’avons observée, par exemple, à travers les langues de publications ou les passages dans des universités étrangères. Parallèlement, nous avons voulu appréhender les liens qu’il était possible d’établir entre cette internationalisation académique et un certain « capital international d’origine ». Nous entendons par là la quantité d’expérience de l’international que l’on acquiert par l’intermédiaire de ses parents et de ses expériences dans l’enfance.
Sur les deux plans que nous avons cherché à mesurer, nous pensions observer des profils plus internationalisés au sein du REPI qu’au sein du CEVIPOL. Pourtant, le traitement des données a montré que l’internationalisation académique des chercheurs du CEVIPOL et du REPI est presque équivalente : les carrières des chercheurs en relations internationales ne sont pas plus internationalisées que celles des membres du CEVIPOL. En revanche, sur le plan de « l’internationalisation héritée », les chercheurs du REPI se distinguent nettement. Ce qui différencie le plus les deux groupes de chercheurs que nous avons étudiés, c’est cette expérience précoce de l’international au REPI. La plupart des interrogés ont vécu à l’étranger plusieurs années durant l’enfance, ont fréquenté des établissements de type « lycée français » ; cette caractéristique est largement absente chez les chercheurs du CEVIPOL.
À partir de ces observations, nous pouvons déjà dire deux choses. Premièrement, qu’un capital international de départ fort n’est pas nécessairement corrélé avec une grande internationalisation académique. Ensuite, il semble que plus qu’un « capital » au sens strict, ce sont des dispositions particulières qui déterminent la trajectoire des chercheurs. En effet, nous avons finalement souligné que leurs thématiques de recherche s’inscrivent dans un « champ des possibles » donné en partie par leur socialisation dans ou en dehors de « l’international ».
En outre, nous avons pu entendre l’importance grandissante de l’internationalisation lors du recrutement de nouveaux enseignants à la Faculté de Philosophie et de Sciences Sociales. Les interrogés nous l’ont dit clairement, il est de plus en plus attendu qu’un candidat fasse montre d’une certaine expérience internationale. Effectivement, il apparaît désormais presque impossible d’obtenir un poste en l’absence de postdoctorat, ou d’une expérience similaire, dans une université hors du pays d’origine du candidat – de préférence réputée, et de préférence anglo-saxonne. L’analyse des profils le rappel concrètement : plus le recrutement est récent, plus les éléments de mesure de l’internationalisation académique croissent. D’ailleurs, cette affirmation se trouve aussi vraie pour le REPI que pour le CEVIPOL. Il s’agit d’une remarque que l’on peut étendre bien au-delà de l’ULB. Cette logique d’internationalisation de l’académie se retrouve à l’échelle globale, puisqu’elle retourne d’une dynamique mondiale de libéralisation de l’université.
Concluons en rappelant la portée limitée de nos résultats. De fait, nous n’avons interrogé que 17 personnes, et notre analyse statistique n’a concerné que onze individus. En conséquence de cet échantillon de petite taille, la solidité de nos affirmations est relative. Pour confirmer nos observations, il conviendrait de mener une enquête plus exhaustive, auprès d’un nombre plus important de chercheurs.