Billet de bloc n°2 : En quoi la participation dans la ville peut-elle constituer une forme de mobilisation pour les Européens à Bruxelles?
N° de groupe : 11
Noms des membres :
- Thyssens Léa
- Herman Florence
- Chikhi Lucile
- Lessard Olivier
- Nkolo Edibi Brice
- Introduction générale: question de recherche but de l’enquête, méthode, matériau empirique, population
Notre sujet de recherche :
L’engagement non-conventionnel et appropriation de la ville de Bruxelles par les européen.ne.s et particulièrement sur l’engagement / politisation des étrangers en dehors du vote. Et également de comprendre les pratiques des personnes interrogées.
Notre question de recherche: En quoi la participation dans la ville peut-elle constituer une forme de mobilisation pour les Européens à Bruxelles?
Population étudiée:
Dans un premier temps, nous avions décidé de nous concentrer sur les eurocrates vivant à Bruxelles. Finalement, nous avons dû modifier les critères choisis à cause d’un manque de réponses de la part ces personnes.
Par conséquent, nous avons étudié les européens et notamment les membres d’une association cycliste et fonctionnaires européens) à Bruxelles s’engageant dans la vie politique communale. Nous avons décidé de nous concentrer sur une population large comprenant les personnes immigrées et expatriées uniquement issues de pays européens. Par conséquent, l’expatriation, au sens d’une installation non définitive motivée par le travail telle que définie par Anne Sophie Traversac, peut être une variable mais elle n’est pas un axe central de la population étudiée.
Méthode: Nous avons effectué des entretiens semi-directifs auprès de 11 personnes différentes, toutes membres d’associations de vélos (GRAQC, EU cycling) mais égalemnt d’autres types d’association comme Amnesty international. En effet, la contrainte de temps ne nous a pas permi de collecter suffisamment de réponses de la part de personnes uniquement enagées dans des associations de vélo. Notre questionnaire était divisé en 3 parties: leur rapport à la ville, leur parcours associatif et leurs pratiques (liées à cette activité associative).
- Nos hypothèses de départ:
Enfin, au départ de ce travail, nous nous attendions à ce que notre échantillon représente un groupe largement homogène en termes de classe sociale.
Également, un potentiel renforcement de la bulle européenne, du moins pour les membres d’associations également fonctionnaires européens et dont l’association (comme EU cycling) est en lien avec les institutions européennes.
- Présentation rapide de nos résultats: phrases d’introduction pour nos 3 paragraphes de réponses
- Ennoncé de la structure de notre présentation
Partie présentation des résultats:
- Rapport à la ville
Commençons tout d’abord par nous intéresser au rapport qu’entretiennent nos interviewés avec la ville de Bruxelles .
Le temps d’habitation passé par nos enquêtés à Bruxelles est très variable. Cependant celui-ci est toujours d’un minimum de 2 ans et n’excède pas, sauf dans l’entretien numéro 7, les 20 ans. Mais ce qui est en revanche constant c’est la volonté de nos enquêtés de ne pas quitter Bruxelles.
La majorité de nos enquêtés ont décidé d’habiter Bruxelles pour des raisons professionnelles, soit pour le travail, soit pour leurs études, ou encore pour apprendre une langue. Il y a cependant 2 exceptions à prendre en compte. Tout d’abord d’enquêter numéro 10 qui a choisi de venir vivre à Bruxelles pour avoir une meilleure qualité de vie. Et ensuite, l’enquêté numéro 4 qui est venu vivre à Bruxelles pour suivre sa conjointe, qui travaille là-bas.
Pour en venir au rapport à la ville en tant que telle, la grande majorité des enquêtés se sentent à l’aise à Bruxelles. Un facteur qui semble aider à l’intégration dans la ville est le fait que certains des enquêtés, numéro 10 et 11, ont des enfants scolarisés à Bruxelles. À contrario, bien qu’ils se sentent à l’aise à Bruxelles, les enquêtés numéros 2, 3 et 7, ressentent une barrière dans leur intégration d’une identité belgo-bruxelloise. Celle-ci est liée selon eux à la présence de bulles internationales à Bruxelles.
La majorité des enquêtés ne se sentent pas invités à Bruxelles. Ou alors uniquement dans le sens où ils ont été bien accueillis.
De manière générale, les enquêtés ont bien pris possession de la ville. À l’exception de l’enquêtés numéro 8, qui est arrivé dans la ville récemment.
Les enquêtes numéro 1 et 10 évoquent notamment leurs promenades comme moyen d’appropriation. Une partie de nos enquêtes souligne qu’ils sont très à l’aise dans leur quartier d’habitation et au quartier européen Schuman. Les enquêter numéro 4 et 6, précise qu’il est très facile de prendre possession de Bruxelles via les activités organisées par les associations ou les communautés.
La moitié de nos enquêtées estime que leur vision de la ville a changé au cours du temps. L’autre moitié estime s’être sentie à l’aise dès le début.
En ce qui concerne les élections municipales, la majorité des interviewés y ont participé. Ils trouvent cette participation importante. Seuls les interviewés 2 et 3, n’avaient pas connaissance de leur tenue. Et les interviewés 4 et 9, n’ont pas pu être physiquement présents. Mais ils souhaitent participer aux prochaines élections.
Pour ce qui est de la participation en dehors du vote, elle se réalise principalement via des organisations auxquelles nos enquêtes sont affiliées. Les interviewers numéros 5,7 et 9 ont des contacts avec le milieu politique. Mais ils disent rester sur des sujets peu polarisants. Cela pourrait se traduire par un intérêt pour ce milieu, mais tout en évitant une implication trop importante des enquêters.
En conclusion, nous constatons que les enquêtés ont un rapport plutôt “bon” et positif avec la ville. En effet, la majorité d’entre eux se sent bien accueillie à Bruxelles et coonsidère s’être intégrée facilement. Malgré cela, certaines interviewées estiment avoir du mal à adopter une identité belgo-bruxelloise. Pour certains c’est à cause de l’existence d’une bulle européenne qui crée une barrière avec la population locale. Mais pour d’autres cela vient de la nature de la ville de Bruxelles en elle-même qui serait par essence internationale.
- Parcours associatif :
Être membre d’une association peut-être temporaire, récurrent, occasionnel en fonction de notre mobilité ici dans le sens de voyager, bouger, déménager dans le monde entier. Pourtant ce n’est pas cette mobilité qui a freiné nos participants de s’engager dans des diverses associations. La majorité de nos répondants étaient actifs avant d’arriver en Belgique, âge et genre confondus. En ce qui concerne les personnes qui ne se sont pas engagées uniquement en Belgique, les raisons sont diverses. Pour certains, il est question de prendre conscience du processus des choses, ici les enjeux sociétaux: mobilité, écologie et avoir une sensation de contrôle dessus, au final avoir un pouvoir sur des décisions qui peuvent affecter notre vie.
Pour d’autres encore, il va s’agir du « obligation civiles » ou « les responsabilité civiles » on prend, donc on donne quelque chose en échange. Et si quelque chose nous intéresse c’est simple de s’engager. Une autre raison qui a pu pousser les enquêtés à s’engager est le mécontentement vis à vis des infrastructures déjà existantes et donc une volonté de faire changer les choses en les améliorant. Également, les problèmes liés à la circulation ont été identifiés comme une raison. En effet, le “trop plein” de voitures qui circulent est parfois considéré comme dangereux et rend l’espace public pour les piétons difficile à appréhender aux yeux de certains, ainsi, le vélo et donc sa promotion, apparaît comme une solution adéquate.
Mais pourquoi les autres intervenants habituellement engagés ont décidé de choisir leur association ?
Pour certains, c’est à l’affût d’un poste Facebook qui vient en soutien à une victime (à vélo) d’un accident de la route et victime de la haine d’internet l’accusant d’être le seul coupable de cet accident, pour d’autres, il s’agit de donner de la voix à des projets qui leur tiennent à cœur, qu’ils soient politiques ou autres. Mais il est vrai que s’engager c’est aussi une opportunité pour rencontrer d’autres personnes qui peuvent être dans des situations similaires au nôtre, qui sont amenées à se déplacer pour le travail ou déménager pour suivre leur famille. Pour d’autres encore, les enjeux autour de la mobilité présentent un potentiel d’amélioration en Belgique alors que dans d’autres pays ça n’aurait pas été le cas (manques de droits, la dimension politico-sociale est plus importante la bas)
Comment connaître une association ? Les réseaux sociaux restent la principale source de recrutement pour ces derniers surtout pour des personnes qui viennent d’arriver ou qui ne parlent pas forcément bien la langue. Ou encore organiser des activités dans des parcs et aller à la rencontre des personnes. Le contact avec d’autres reste un moyen de susciter la curiosité d’un individu, ou bien encore la gentillesse.
La majorité de nos répondants sont arrivés seuls à Bruxelles et se sont donc engagés seuls dans les associations, ce qui n’a pas empêché que des nouveaux collègues de travail soient eux aussi engagés dans des associations (communes aux enquêtés ou bien différentes). Nous constatons que peu de leurs amis sont également engagés dans des associations.
- Ancrage et Pratique dans la ville
L’étude des pratiques des membres de notre échantillon soulève deux caractéristiques de leur mobilisation à Bruxelles : son caractère résolument technique proche du travail et son engagement envers une vision physique de la ville plutôt qu’humaine.
Le travail militant : une version technique et régulée de l’engagement
L’analogie du travail a été utilisée pour analyser les mouvements sociaux par Dauvin et Siméant (2002), d’abord pour décrire le management et la professionnalisation de l’aide humanitaire. Cette analogie s’applique également très bien au monde de la mobilité. De cette analogie du travail, nous en tirons deux éléments : la nature des relations entre les membres des associations et le caractère très technique de leur travail.
Notre hypothèse de départ a grandement surestimé le rôle de la socialisation dans l’engagement des Européens à Bruxelles. La presque totalité des répondants ont affirmé s’être engagés seuls dans une association et n’ont pas remarqué de changements dans leurs fréquentations après s’être engagés. Leurs relations avec les autres membres des associations semblent en effet se calquer à celles présentes dans un milieu de travail, ce que certains répondants ont par ailleurs explicitement mentionné. Un répondant nous a avoué voir les gens avec qui il collabore comme des collègues, tandis qu’un autre parlait de relations plutôt « corporate ». L’organisation des associations semble également se calquer à celle que l’on retrouverait dans un milieu de travail. Même si les répondants ne sont pas des professionnels de la mobilité, leur environnement associatif est régulé comme un travail, c’est-à-dire qu’on y trouve une forme de hiérarchie et de divisions des tâches selon les compétences de chacun, mais également une forme de bureaucratisation, avec des rapports à écrire et des consultations publiques. Un répondant nous a même affirmé qu’en tant que président de l’association, il n’avait pas le temps de participer aux activités qu’elle organisait.
Cette forme d’organisation semble intimement liée au répertoire d’action des associations. Le Gracq et l’EU Cycling sont très actifs dans le lobbying des institutions et la participation aux mécanismes de consultation publique, comme la Commission vélo du gouvernement bruxellois. L’autre aspect du travail du Gracq, comme l’a décrit un autre de nos répondants, est celui du service aux membres, par exemple par le biais de cours sur la sécurité routière de mécanique de base. Cette dernière citation est révélatrice, parce que les associations fonctionnent en quelque sorte comme des firmes de services : ce sont des organisations composées de membres éduqués tous travaillant dans le domaine des services dont la principale compétence est le savoir. De ce fait, les associations sont en mesure d’offrir des services, mais également une certaine co-production du savoir quant au secteur de la mobilité.
L’engagement et les pratiques des membres à l’extérieur de leur association reflètent également cette idée. Quoique éduqués et relativement politisés (presque tous affirment avoir voté aux élections communales et européennes, certains qualifiant même leur absence de vote aux autres paliers de gouvernement comme une injustice), presqu’aucun répondant ne prend part à des actions politiques contentieuses. Seulement deux répondants ont affirmé prendre part à des manifestations, dont une seulement dans le cadre de manifestations « joyeuses » (la kidical mass, une version pour enfant de la Masse critique, une manifestation à vélo). Personne n’affirme être membre d’un parti politique, d’un syndicat ou d’un autre mouvement ou participer à des actions comme des pétitions ou le blocage de la circulation. Deux répondants nous ont même explicitement mentionné reculer quand les choses deviennent trop polarisantes, trop divisées. Certains répondants nous ont dit avoir entamé des projets de mobilité à titre personnel, comme l’organisation d’une kidical mass ou la formation de rangs à vélo pour les enfants allant à l’école, mais ces projets tendent à suivre les lignes du répertoire d’action de leurs associations. Il semblerait que l’engagement dans les associations puissent avoir un effet de « débordement », où une personne n’ayant aucun antécédent associatif s’engage dans une organisation, puis porte son mandat par d’autres activités personnelles une fois avoir assimilé certains apprentissages, mais nous n’avons pas été témoins d’initiatives personnelles plus contentieuses que le répertoire d’action des organisations étudiées. Les répondants représentent en quelque sorte ce nouveau militantisme de « classe moyenne » qui échappe à la traditionnelle division du capital et à l’opposition capitaliste-ouvrier et qui s’engagent pour des valeurs post-matérielles.
Dans l’ensemble, le « travail militant » nourrit un étrange paradoxe : à force de vouloir éviter la contention, l’engagement devient plus technique, mais demeure incapable de créer un mouvement rassembleur, ce qui sera discuté dans la prochaine section.
Bruxelles, un lieu ou une communauté?
L’impossibilité de créer un mouvement véritablement rassembleur chez nos répondants reflètent leur position dans la ville et leur conception de celle-ci. La grande majorité de leur répondant ont affirmé se sentir chez eux à Bruxelles. Mis à part les répondants encore aux études, personne n’a affirmé que leur sentiment d’appartenance à la ville n’avait évolué après leur engagement dans les projets de mobilité. Plusieurs nous ont dit s’être intégrés à la vie bruxelloise par la famille ou soulevaient le caractère multiculturel de la ville et l’absence de choc culturel comme limitant les barrières à l’intégration. La plupart des répondants nous ont affirmé avoir rencontré des Belges via leur engagement, mais sans que cela n’affecte leurs fréquentations à l’extérieur du monde associatif, qui pour plusieurs se situent encore dans les cercles expatriés. Il apparaît que le sentiment d’appartenance à Bruxelles n’est pas lié à une quelconque intégration à la culture belge. Comme l’a décrit une répondante en soulevant le grand nombre d’étrangers dans le Gracq et ses sections locales : « ce qui nous unit, c’est le fait d’être à Bruxelles ». Les pratiques des répondants dans leur projet de mobilité ne renforcent pas spécialement de sentiment d’appartenance, parce que celui-ci est soit forgé à l’extérieur du monde associatif, mais aussi parce que ce sentiment et ces pratiques sont orientés autour du fait d’être physiquement à Bruxelles.
Dis autrement, les pratiques des associations et de leurs membres correspondent à une vision de Bruxelles comme une entité physique et géographique plutôt qu’humaine. Presque tous les répondants nous ont partagé une conception de la mobilité qu’en termes physiques, par exemple par l’utilisation de la voie publique. Les projets qui en résultent sont donc principalement axé sur les projets d’infrastructures. Il est vrai que plusieurs nous ont mentionné le mandat des associations de services aux membres, mais encore une fois ces services tournent autour de l’utilisation physique de Bruxelles et de ses infrastructures. L’idée de créer des liens ou une communauté n’est ici ni une fin ni un moyen : si elle existe, elle est plutôt le résultat de la nécessité de travailler en équipe, un peu comme si les liens de courtoisie que l’on formerait avec un collègue de travail. Seulement une répondante a mentionné le potentiel de la mobilité en d’autres termes que physiques, soulevant par exemple l’idée de redynamiser un quartier, de créer des synergies et d’émanciper les femmes.
Retour critique:
- Lien avec hypothèse de départ:
- Renforcement bulle européenne: confirmée par la partie dans le rapport à la ville: les européens qui ne s’incluent pas/peu dans les espaces locaux belges et bruxellois. Parallèlement, à travers les pratiques, on constate que la socialisation ne renforce pas la bulle européenne ni l’intégration à la belgique par le manque d’activités extra
- Lien avec locaux: Nous pensions que les liens seraient renforcés. Finalement, non il n’y a pas de rencontres organisées. Les enquêtés restent dans un cadre de travail avec des collègues eux même internationaux.
- Echantillon représente un groupe largement homogène en termes de classes sociales: Cette hypothèse est validée. La population est homogène en termes de diplôme, de postes ou de revenus.
Impression et surprise:
- Surprise: étonnenement vis à vis de la mobitlité et du vélo, interet porté à notre enquête
- Impression: rapport positif à notre projet
- Lenteur des réponses
Difficultés rencontrées:
- Personnes peu bavardes, pas une grosse difficulté non plus
Portée et limite:
- enquête pas limitée à ce qui font du vélos alors qu’ils représentent les ¾ des intérogés
- Temporalité limitée
Réaction des enquêtés: positif, interêt, motivé
Enjeux éthiques : none