[ Groupe 8 ] : billet collectif 2 – INTERNATIONALISER SA TRAJECTOIRE SUR LE TARD ET SUR LE TAS : TACTIQUES ET STRATÉGIES DES ÉTUDIANT.E.S PEU DOTÉ.E.S EN CAPITAL INTERNATIONAL.

[ Groupe 8 ] : billet collectif 2 – INTERNATIONALISER SA TRAJECTOIRE SUR LE TARD ET SUR LE TAS : TACTIQUES ET STRATÉGIES DES ÉTUDIANT.E.S PEU DOTÉ.E.S EN CAPITAL INTERNATIONAL.

Dans le cadre de notre enquête de terrain, nos méthodes mobilisées ont été doubles. Notre première méthode fut quantitative via la soumission d’un questionnaire en ligne, sur différents groupes Facebook estudiantins bruxellois. Ce choix a été fait car il permet l’anonymat des répondants mais également car il permet plus facilement d’accéder à notre échantillon et de le diversifier. En effet, notre échantillon est composé de 100 étudiants bruxellois. Dans un second temps, nous avons choisi une méthode qualitative qui est venue confirmer et nuancer nos hypothèses et résultats. Nous avons mené des entretiens auprès de 4 personnes sélectionnées suite à des messages postés sur les mêmes groupes Facebook . Dans un souci de parité et pour faciliter la comparaison des résultats, nous  nous sommes volontairement entretenus avec deux personnes racisées et deux personnes non racisées. Les entretiens semi-directifs ont été conduits sur base des questions posées dans le questionnaire en ligne. Cependant, les questions ont été retravaillées afin de permettre des réponses plus ouvertes et ainsi récolter les ressentis et nuances des intervenants. 

Résultats quantitatifs

Les résultats quantitatifs confirment notre première hypothèse. En effet, 75 % de notre échantillon souhaite réaliser une mobilité Erasmus et 75 % considèrent que l’aide financière de leurs parents influence leur décision de partir en Erasmus. Ce choix de partir est soutenu par une agencéité familiale élevée pour les étudiants de notre échantillon : 96 % des étudiants ont été soutenus financièrement par leurs parents.

68 % des parents des étudiants de l’échantillon ont fait des études supérieures, 76 % des étudiants ont été incités à se cultiver, 79 % des parents des étudiants parlent une deuxième langue. Ainsi, cela confirme notre première hypothèse selon laquelle la dotation en capital de mobilité internationale détermine la possibilité d’internationaliser leur carrière estudiantine.

Notre deuxième hypothèse selon laquelle l’identité raciale limite d’autant plus la capacité de certains étudiants à internationaliser leur carrière estudiantine est confirmée. En effet, les étudiants racisés considèrent à 56.76 % qu’être racisé conditionne leur choix de partir, à 57.14 % leur choix de destination. Ils établissent ainsi des stratégies d’évitement du racisme en évitant certains pays : ici, à 95 % l’Europe centrale et de l’est. Cette limite se voit aussi dans le pourcentage d’étudiants racisés qui à 16 % décident de ne pas partir par peur de vivre plus de racisme.

Les étudiants racisés de notre échantillon ont un capital de mobilité internationale plus faible : 57.14 % parlent une deuxième langue contre 69.23 % pour les autres étudiants. De plus, 51.43 % des étudiants racisés ont eu besoin d’une bourse d’études contre seulement 23.08 % pour les autres.

Aussi, 60 % des parents racisés parlent une deuxième langue pour 89.23 % chez les autres étudiants. De plus, 62.86 % des parents racisés ont effectué des études supérieures, contre 70.77 % pour les autres parents. 91.43 % des étudiants racisés ont été soutenus financièrement par leurs parents contre 98.46 % pour les autres étudiants.

56 % des étudiants racisés indiquent que leur capital socio-économique ne leur permet pas de partir et 16 % qui décident de ne pas partir par peur de vivre plus de racisme : la classe et la race se superposent, la classe prenant le dessus dans le choix de ne pas partir. Ainsi, notre troisième hypothèse selon laquelle capital de mobilité internationale articulé à l’identité raciale explique ainsi le choix de ne pas partir à l’international est confirmée.

Résultats qualitatifs

A l’issue des entretiens, nous remarquons que les étudiants qui bénéficient d’une bourse d’étude et ont la possibilité d’obtenir une bourse Erasmus sont ceux qui ne partiront pas. De plus, tous les enquêtés ont obtenu une aide financière de leurs parents mais à des degrés différents. Les étudiants qui partent en Erasmus sont ceux qui ont obtenu un soutien financier total durant leur scolarité. Cela n’est pas le cas pour les deux autres étudiants, pour qui cette aide de leur parent fut moindre. Enfin, au niveau des activités extra-scolaires, les parents des répondants qui partent en Erasmus les encourageaient à en faire tandis que ce ne fut pas le cas pour les enquêtés qui ne partent pas.  Ainsi, nous remarquons que les étudiants qui ne partent pas en Erasmus sont issus d’un milieu peu doté en capital de mobilité international. C’est pourquoi, notre première hypothèse est confirmée.

Concernant la deuxième hypothèse, nous souhaitions connaître l’expérience du racisme des deux enquêtés racisés durant leur scolarité. Au niveau des études secondaires, les deux répondants ont subi du racisme mais à un niveau différent. L’étudiante 1 en a été victime venant d’autres étudiants, et a condamné le communautarisme de son ancienne école secondaire qui rendait propice des comportements discriminatoires. Du côté de l’étudiant 2, cela s’est ressenti au niveau du corps professoral qui avait tendance à associer ses idées politiques à ses origines. Durant les études supérieures, il n’a pas subi du racisme car il a refusé de se socialiser. L’étudiante 1, quant à elle, en a été victime de la part d’une autre étudiante. Ces expériences du racisme ont limité la capacité de partir pour cette enquêtée car elle évite certains pays, et privilégie d’autres pour éviter du racisme. Ce qui n’est pas le cas pour l’étudiant 2, puisque bien conscient qu’il peut subir du racisme, il considère que cela est relativement surmontable. C’est pourquoi, notre deuxième hypothèse n’est pas totalement confirmée, puisqu’un seul étudiant racisé sur deux considère que l’identité raciale limite sa capacité à s’internationaliser.

Enfin, notre troisième hypothèse est confirmée puisque le capital de mobilité internationale est moindre chez les étudiants racisés. Cependant, il y a plusieurs nuances à apporter.  Premièrement, l’identité raciale n’empêche pas mais limite la capacité de partir pour l’étudiante 1, et ne constitue pas un frein pour s’internationaliser pour l’étudiant 2. Ensuite, la principale cause qui empêche les répondants d’effectuer le séjour est la question financière.  Ainsi, au niveau des résultats qualitatifs, la décision de partir repose davantage sur le capital économique que sur l’identité raciale.

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