[Groupe 9] : Billet Collectif 2 – Que fait Bruxelles à la diplomatie des pays tiers?

[Groupe 9] : Billet Collectif 2 – Que fait Bruxelles à la diplomatie des pays tiers?

Pour notre recherche, nous nous sommes intéressés à l’impact qu’a Bruxelles sur la diplomatie bilatérale et multilatérale des pays tiers en Belgique. Le travail s’est construit à partir d’un raisonnement hypothético-déductif et les hypothèses suivantes ont été formulées dans le but de guider notre recherche: 

  1. Il y a un coût d’entrée pour les diplomates des pays tiers en fonction à Bruxelles, dû à la configuration spécifique des institutions qui siègent dans la ville.
  2. La pratique diplomatique à Bruxelles comporte un processus d’apprentissage de la part des diplomates des pays tiers. 
  3. Bruxelles est un lieu propice pour former des coalitions avec d’autres pays qui partagent des intérêts communs.
  4. Les compétences acquises peuvent être converties en facultés professionnelles pour des emplois postérieurs.

Déroulement de l’enquête

La méthode de collecte de données choisie pour notre enquête est la méthode d’entretien. Une fois nos hypothèses élaborées, nous avons pu préparer le guide d’entretien et les questions que nous souhaitions poser lors des interviews[1]. L’entretien a été organisé comme suit : Carrière ; concernant leur parcours professionnel avant leur arrivée à Bruxelles, Coût d’entrée ; concernant les exigences d’un poste à Bruxelles, Bruxelles et les pays tiers ; concernant le processus d’apprentissage et les avantages qu’il comporte pour leur carrière, et Coalitions ; interrogeant sur les relations avec d’autres diplomates des pays tiers.

Pour notre enquête, nous avions fait le choix d’interroger des diplomates de 3 pays tiers différents, la Colombie, le Laos et le Burundi. Sur ces trois pays, nous n’avons malheureusement pu qu’interroger deux pays (le Laos et la Colombie). L’ambassade du Burundi avait répondu favorablement à notre demande pour ensuite vouloir répondre à l’entretien comme un questionnaire pour au final ne plus donner de réponse à nos mails. Pour le Laos, un contact direct avec l’ambassadeur nous a permis d’exposer le sujet de la recherche et d’obtenir son accord. Ensuite, nous avons contacté au hasard trois diplomates qui ont accepté de participer à l’entretien, 2 en anglais et 1 en lao (traduit en français). Aucun autre accord n’a été nécessaire concernant le partage des résultats ou les transcriptions de l’entretien.

Enfin, pour la Colombie, on a contacté les 4 diplomates qui travaillent avec l’EU et 2 ont accepté de faire partie de la recherche, une fois qu’ils ont pris connaissance de la question de recherche, et ont manifesté qu’ils feraient l’interview en anglais.

Les entretiens se sont déroulés sans aucune difficulté, dans certains cas quelques questions ont été omises vu qu’elles avaient déjà été discutées. A la suite des entretiens, nous avons dû retranscrire les différents enregistrements.

 Résultats

Hypothèse 1 :

Les 5 diplomates laotiens et colombiens affirment que la connaissance de l’anglais est un atout pour l’obtention de ce poste.  Ils sont conscients que certaines compétences ont facilité leur accès à ces postes. En effet, Laos 2 a eu une carrière à Genève à l’ONU. Laos 3 a d’une part participée pendant sa carrière aux négociations entre son pays et l’UE. D’autre part, il a participé au EU Visitors Program. Colombie 2 a travaillé dans des organisations multilatérales pendant ses 20 ans de carrière. Néanmoins, Colombie 1 n’avait pas d’expériences ni de connaissances relatives à l’UE. Pour répondre à l’hypothèse, nous pouvons dire qu’il y a un coût d’entrée en termes de connaissance des institutions multilatérales pour 4 diplomates sur 5.

La deuxième hypothèse a été confirmée par les diplomates. En effet, ils ont affirmé de manière unanime qu’ils ont dû beaucoup se renseigner sur l’UE à leur arrivé. Cet apprentissage s’est opéré seul ou avec l’aide de leurs collègues mais sans l’aide de les ambassades respective. Les 5 diplomates affirment qu’une formation à leur arrivée aurait été utile pour leur apprentissage et intégration.

Hypothèse 3 :

Dans le cas du Laos, il y a effectivement une collaboration avec des pays de la région, basés sur des intérêts communs et une proximité culturelle. Cette collaboration est principalement due à l’ABC (ASEAN Brussels Committee), qui est le principal domaine de rencontre et agit comme un forum de discussion sur les éventuelles nouvelles politiques introduites par l’UE. Cependant, aucune coalition avec les diplomates d’autres pays tiers n’a eu lieu. Du côté de la Colombie, il y a une conscience de l’importance d’agir en bloc sur certains sujets communs afin d’avoir davantage de poids lors des décisions à l’UE.

Nous pouvons en conclure que les coalitions sont possibles lorsqu’un cadre prédéfini le permet comme le montre le cas du Laos dans l’ASEAN. Du côté de la Colombie, le processus d’intégration n’est pas assez fort pour rapprocher les diplomates Latino-américains à l’étranger.

Hypothèse 4 :

Les diplomates sont d’accord sur le fait que Bruxelles leur a beaucoup apporté à différents niveaux. Ils sont conscients qu’ils pourront utiliser les connaissances liées à l’UE et les appliquer plus tard dans leur carrière. Colombie 2 insiste qu’il est encore tôt pour parler d’une amélioration de compétences et Colombie 1 affirme que son prochain poste peut être différent et sans rapport avec l’Europe.  Les compétences acquises à Bruxelles pourraient donc ne pas lui être utiles. Nous pouvons déduire qu’il était encore tôt pour affirmer que les acquis seront réellement transformés en facultés professionnelles. Nous constatons que dans la majorité des cas, les diplomates sont conscients que leur passage à Bruxelles leur a appris différentes choses.

Pour conclure, nous pouvons répondre à notre question initiale “Que fait Bruxelles à la diplomatie des pays tiers ?” en affirmant qu’un poste diplomatique à Bruxelles a un impact sur ces diplomates. En effet, avoir des notions sur le fonctionnement de l’Union européenne est primordial mais il serait davantage intéressant de mettre en place des formations spécifiques pour les guider. De plus, la forte concentration diplomatique à Bruxelles est propice à des coalitions entre pays tiers et européens, néanmoins, elle devrait être davantage renforcée. Enfin, bien que la capitale européenne ait un impact sur les diplomates durant l’exercice de leur fonction, on ne peut pas prédire si cela sera un atout professionnel apportant une particularité sur le long terme. Dans la continuité de ce travail, développer une comparaison sur l’impact qu’a Bruxelles sur les différents diplomates, pas seulement ceux des pays tiers, serait une piste intéressante à explorer.


[1] Le guide d’entretien a été validé par les professeurs du cours de “Méthodes d’enquête de terrain en relations internationales »

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