Résultats – L’influence des réseaux sociaux sur l’opinion politique de la communauté brésilienne en Belgique
Ce billet collectif porte sur les résultats de notre enquête dont l’objectif était de savoir de quelle manière les réseaux sociaux pouvait influencer l’opinion politique de cette communauté.
L’hypothèse prévu était que les brésiliens résidents en Belgique pouvaient être plus susceptibles aux discours conservateurs de la post-vérité véhiculés par les réseaux sociaux, étant donné leur éloignement géographique du débat démocratique national.
Après la réalisation de 176 enquêtes par questionnaire (141 en papier et 35 en ligne) et de 2 focus groupes composés de 2 personnes par chacun, on a abouti à des résultats qui ne sont pas représentatif par rapport à la population des brésiliens résidant en Belgique d’environ 48.000 personnes, selon le Ministère des Affaires Etrangères du Brésil (MRE). Même si les résultats sont divergents et de ce fait pas déterminants, les données nous amènent à des conclusions intéressantes par rapport à la manière dont cette communauté s’informe et réfléchit sur la politique brésilienne.
L’enquête a été mené auprès d’une population de différentes tranches d’âge dont 57,5% sont des femmes et 42,5% des hommes. Cette différentiation est compatible avec les données fournis par l’un des fonctionnaires du Consulat du Brésil en Belgique. Selon lui, il y aurait une plus grand quantité de femme que d’homme dans cette communauté qui se concentre surtout à Anvers et à Bruxelles (Saint-Gilles). Par rapport au niveau éducatif, 29 enquêtés ont conclu leurs études universitaires (Bachelier et Master), alors que 144 ont un niveau scolaire plus bas (primaire et secondaire). Parmi eux on a trouvé quelques analphabètes.
On a constaté un faible intérêt par la politique en générale, surtout de la part des enquêtés des niveaux primaire et secondaire, tandis que les personnes de niveau supérieur semblent être plus intéressées par la politique. 9,7% des enquêtés sont très intéressé, 19,4% sont intéressé, 20% sont assez intéressé, 27,4% sont peu intéressé et 23,4% des enquêtés sont désintéressé. La raison principale de ce désintéressement évoqué par les enquêtés serait la corruption.
D’après leurs visions sur la qualité des informations véhiculées par les réseaux sociaux, 9,8% des enquêtés estiment qu’elles sont crédibles, 31,7% assez crédibles, 42,1% peu crédibles et 16,5% estiment qu’elles ne sont pas du tout crédibles. Aucune réponse n’estimait que les réseaux sociaux véhiculent des informations très crédibles.
Lors du questionnement sur la vérification de la véracité des informations à travers d’autres sources, 36% des enquêtés affirment le réaliser. Cependant, on analyse que cette réponse peut être questionnable, une fois qu’ils ne donnent pas des réponses objectives par rapport aux sources utilisés ou parfois ils ne répondent simplement pas à cette question.
Lors de la réalisation des focus groups, les enquêtés ont mentionné que les réseaux sociaux leurs permettent un accès plus diversifié des informations et qu’ils ont conscience de l’existence des fake news sur internet, mais ils croient que ces réseaux leurs permettent de suivre librement les informations, contrairement aux médias traditionnels qui sont monopolisés par des élites.
On a constaté que 80,8% des enquêtés ne suivent pas des groupes sur Facebook qui véhiculent des informations sur la politique, ce qui amène à conclure que les réseaux sociaux n’ont pas l’influence politique qu’on avait prévu dans l’hypothèse de recherche. Sur ceux, c’est impossible d’affirmer que les réseaux sociaux jouent un rôle important dans la formation de l’opinion politique des brésiliens résidents en Belgique.
53,2% des enquêtés n’ont pas de contact avec des opinions divergentes des leurs et 67,6% n’aiment pas débattre avec des internautes qui ont des opinions politiques divergentes des leurs et 22,4% le font parfois. Ces résultats ont été renforcé aussi par l’un de nos focus groups réalisés, en confirmant la thèse de Patrice Flichy que les réseaux sociaux ne contribueraient pas à promouvoir le débat démocratique. Sur l’existence d’un débat politique au sein de la communauté brésilienne en Belgique, 65,3% des enquêtés estiment qu’il n’existe pas d’échange. Entre ceux qui croient qu’il existe, la majorité pense qu’il se déroule d’une manière informelle, par exemple, lors des réunions familiales, des rencontres amicales, dans les bars etc.
Malgré que l’objectif central de notre travail n’a pas été de réaliser une enquête électorale, les modèles explicatifs du comportement électoral de Columbia et de Michigan ont été considérés à la mesure que l’influence du milieu social, familial et professionnel peuvent jouer un rôle sur le positionnement politique des individus. Le dialogue avec la famille et les amis au Brésil a été cité comme étant la principale source d’information pour le choix électoral dans l’un de nos focus groups. D’après les participants, les liens sociaux et familiaux semblent les fournir plus de sécurité et de crédibilité pour la construction d’un positionnement politique que les médias traditionnels ou les réseaux sociaux.
A partir de l’analyse de ces données, on arrive à des conclusions partielles qu’indiquent, d’une part, que les réseaux sociaux ne jouent pas un rôle majeur dans la formation de l’opinion politique de cette communauté, malgré qu’on croit que la prolifération des fake news sur les réseaux sociaux peut avoir un impact sur la population cible, car la vérification de la véracité des informations à travers d’autres sources ne semble pas être réalisé par eux. D’autre part, le dialogue avec la famille et les amis au Brésil semble jouer un rôle plus important. Cependant, il reste incertain comment ces personnes au Brésil s’informent sur la politique, car la population brésilienne en générale n’était pas la cible de cette recherche. On croit alors que les réseaux sociaux peuvent avoir un rôle dans la formation de l’opinion politique de personnes résidant au Brésil, ceux qui pouvait avoir un effet de transbordement sur les proches qui se trouvent en dehors du pays. Enfin, on aurait besoin de réaliser une recherche plus approfondis et avec un échantillon plus large pour aboutir à des conclusions plus concrètes sur l’influence des réseaux sociaux dans l’opinion politique de la communauté brésilienne en Belgique.