[Groupe n°2] : Billet personnel d’Amandine DUSOULIER
Conformément aux consignes, le présent document traitera d’un point particulier de notre enquête. J’ai choisi d’aborder les difficultés inhérentes à la thématique que nous avions sélectionnée initialement. En raison de sa nature, nous nous sommes heurtés à deux obstacles. Le plus inattendu a été la prise de contact avec le public cible de notre enquête, bien de peu de personnes étant désireuses de nous accorder un entretien. Cet écueil nous a incités à remettre en question le choix de notre sujet, remise en question qui s’est révélée elle-même problématique.
Je suis convaincue que le thème choisi a eu un impact sur notre difficulté à trouver des jeunes susceptibles de nous accorder une interview. Pour rappel, notre question de départ initiale était : « Comment les attentats franco-belges de 2015-2016 participent-ils à la sensibilité plus marquée aux discriminations chez les jeunes belgo-marocains bruxellois ? ». Considérant la sensibilité du sujet, nous avions pourtant veillé à prendre les précautions nécessaires dans les courriels et appels téléphoniques que nous avons adressés à diverses associations molenbeekoises et, plus largement, de la région bruxelloise. Les réponses reçues ont varié, allant d’une promesse de nous contacter au silence le plus complet, en passant par des refus agressifs. J’ai personnellement fait l’expérience des deux premiers types de réponse. Vu le tour que prenaient les choses et nos échéances qui se rapprochaient, il devenait urgent de trouver une solution. Selon nous, la thématique ou tout du moins l’angle d’approche devait être modifié. J’ai alors eu le sentiment de revenir au point de départ malgré tout le travail déjà fourni par rapport à notre thème initial. En outre, il s’est avéré complexe de remettre en question l’ensemble de notre démarche. La question demeurait la même : Que changer exactement, le sujet de recherche ou le public visé ? La réponse à cette seule question a constitué une nouvelle embûche.
Sur base des recommandations émises par les professeurs rencontrés en rendez-vous, nous avons décidé de modifier notre angle d’analyse et la composition de notre échantillon. Notre public cible est devenu tous les Molenbeekois entre 18 et 25 ans et plus seulement ceux d’origine marocaine. Notre expérience initiale a montré que le seul fait de se concentrer sur une communauté particulière constituait un problème. Notre nouvelle réflexion nous a alors conduits à ajuster notre question de recherche : « Comment la stigmatisation post-attentats de la commune de Molenbeek a-t-elle suscité un repli identitaire ou communautaire chez les jeunes Molenbeekois entre 18 et 25 ans ? ». Je crois que cette question souligne davantage notre démarche, c’est-à-dire analyser un sujet d’actualité du point de vue de ceux qui vivent les choses au quotidien, sans pour autant risquer de « stigmatiser » involontairement une partie de la population.
Mener une enquête n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. Les obstacles peuvent se dresser non pas au début du chemin mais plus tard. Avec mon groupe, nous avons expérimenté ce phénomène. Il n’est pas évident de réorienter un travail, surtout s’il est déjà en cours et si les échéances sont relativement proches. Néanmoins, l’expérience aura été utile car elle nous a appris à rebondir et à trouver une nouvelle approche. Celle-ci nous a enfin permis d’obtenir des entretiens et de recueillir des données. La leçon que j’ai tirée à titre personnel est la suivante : la formulation des choses joue un rôle essentiel, en particulier lorsqu’il s’agit d’aborder un sujet controversé.
#Difficultésliéesausujet
Méthodes d’enquête de terrain – ULB (2017-2018)
Amandine DUSOULIER