Billet individuel Charlène Dupé : l’identité européenne, cette construction sociale.
Notre groupe a décidé de travailler sur l’identité européenne chez les étudiants britanniques venant faire un stage à Bruxelles. Nous avons trouvé ce sujet intéressant à traiter, d’une part en lien avec le thème du cours qui est l’identité, et d’autre part avec le Brexit qui ne cesse d’être au cœur de l’actualité de l’UE depuis juin 2016.
Aborder ces jeunes britanniques et comprendre leur positionnement concernant l’identité européenne nous parait plus facile vu notre âge commun et parfois nos études communes, mais il est d’autant plus intéressant de savoir que 75% des jeunes ont voté pour rester dans l’Union Européenne. De fait, quand on rencontre ces étudiants, on peut se demander s’ils ont voté « Remain » pour des questions d’ordre socio-économiques, ou plus par attachement à certaines valeurs européennes et donc de l’émergence d’une identité européenne.
Définir l’identité européenne relève du challenge et c’est surement la grande difficulté de notre enquête. En effet, bien que des chercheurs et chercheuses écrivent sur ce concept, il me parait difficile d’appliquer une définition universitaire à notre enquête de terrain. Mon rôle dans le groupe est de trouver les références bibliographiques qui nous servent pour notre sujet et nos entretiens. De ce fait, je trouve intéressant de comparer les définitions de l’identité européenne entreles académiques qui osons le dire, ne sont plus dans ce cycle d’étude ou qui sont parfois déconnectés des programmes Erasmus ou des stages universitaires, et les étudiants britanniques en stage à Bruxelles.
Dès lors, comment ces jeunes britanniques, qui n’ont pas forcément lu nos références bibliographiques, définissent-ils l’identité européenne ? De manière générale, lorsque nous abordons cette question avec des étudiants de notre âge et qui sont quelque peu politisés, il est vrai que les concepts de démocratie, de solidarité, d’échanges et de culture reviennent assez souvent. Soit, la définition de l’identité européenne que nous pouvons retrouver par exemple chez nos politiques et même auprès des autres générations semble diverger de celle des jeunes. Puisque nous sommes à Bruxelles, capitale des institutions européennes, peut-on dire que ces jeunes étudiants qui viennent en stage ressentent une quelconque identité européenne ? Viennent-ils par pur sentiment d’appartenance à l’UE ? Viennent-ils en espérant en apprendre plus sur le Brexit et contribuer à son déroulement ? Viennent-ils par opportunité professionnelle ou pour des raisons académique ? Toutes ces réponses varient selon les profils que nous avons et donc, leur définition de l’identité européenne aussi. Par exemple, nous avons des étudiants venant des grandes villes que ce soit en Ecosse ou en Angleterre qui se sentent européens, et qui nous parlent de cosmopolitisme à Bruxelles, ce qui contribue à la formation de cette identité, mais aussi de démocratie et de politique européenne. Au contraire, nous avons par exemple, une étudiante venant de la campagne anglaise qui ne se sent pas européenne mais bien britannique. En creusant, c’est bien son habitus, sa situation sociale et familiale qui créé son identité.
Cette différence liée au contexte socio-économique propre à chacun est intéressante à comprendre surtout si on considère l’identité européenne comme une construction sociale.