Billet individuel de Tennessee Petitjean: «Attention aux biais dissimulés !»
Notre groupe s’attache à comprendre comment une institution européenne, le Service Européen pour l’Action Extérieure, favorise le développement d’une identité européenne tout en permettant la conservation de son identité d’origine. Nous développons l’idée que ces identités se juxtaposent.
Nous avions écris lors d’un précédent billet que l’identité était plurielle : personnelle par la vision de l’individu et sociale par les interactions avec différents groupes de socialisations comme au travail par exemple. Nous avons élaboré un questionnaire pour mener des entretiens semi-directifs qui prend en considération ces deux aspects et nous a permis de connaître l’habitus de l’enquêté. Ces entretiens sont complétés par de courts questionnaires que nous distribuons et qui nous donnent des informations quantitatives supplémentaires.
Parmi les difficultés que nous avions pressenties, la plus importante concernait la prise de contacts avec les enquêtés. Notre premier essai par le formulaire officiel en ligne a d’ailleurs été un échec. J’ai alors choisi de contacter plusieurs employés du service via mon compte personnel sur le réseau social professionnel linkedIn, qui ont répondu favorablement. Nous avons à ce jour mené plusieurs entretiens qui se sont, dans l’ensemble, bien déroulés.
Toutefois, lors du dernier entretien, je me suis aperçu que cette technique d’approche des enquêtés avait créé un biais dans les résultats produits. Tous nos enquêtés se sentaient très européens, et voyaient cette identité comme complémentaire et indissociable de leur identité nationale. Mais ce sentiment européen était présent avant même qu’ils ne commencent à travailler pour le SEAE. Ce pourrait être le résultat de l’enquête qui se profile : les employés du SEAE se sentent très européens avant d’être dans l’institution, et l’institution a ensuite renforcé légèrement ou peu changé ce sentiment. En réalité, le biais provient de notre manière d’approcher les candidats : LinkedIn. Le réseau social permet de trouver en priorité des personnes déjà reliées à soi par des contacts communs ou ayant fréquenté la même école. Cette deuxième option nous a mis en contact prioritairement avec des personnes diplômées de l’ULB, de l’Institut d’études européennes ou situées à Bruxelles, c’est à dire ayant déjà vécu une expérience d’expatriation au sein de la capitale européenne. La citoyenneté européenne se construisant « par rapport aux autres » comme un attachement à des valeurs partagées, les enquêtés que nous avons rencontré ont renforcés leur sentiment d’appartenance à cette identité préalablement à leur expérience au sein de l’institution.
Nous en avons à présent conscience. Notre prise de contact, aussi efficace soit-elle, n’est pas neutre. Elle pourrait l’être davantage dès lors que nous avons réalisé qu’il existait un biais. La rencontre avec les premiers interlocuteurs nous a permis d’enclencher un effet boule de neige. Nous allons à présent rencontrer des collègues de ces premiers enquêtés, ce qui va nous permettre de diversifier notre panel de parcours universitaires et professionnels. Nos résultats ne pourront que s’enrichir de la diversité des parcours et profils, qui reflète le carrefour culturel et pôle d’échange international qu’est Bruxelles.
Bonne soirée à tous,
Tennessee Petitjean
Groupe 6 : « La création d’un sentiment d’appartenance identitaire au sein du Service Européen pour l’Action Extérieure : le cas des fonctionnaires français et italiens »