[Groupe 3] Billet personnel de Sacha Mszanecky
J’ai choisi le cours de Méthodes d’enquête de terrain car il me semblait indiqué pour aider les
étudiants afin d’en apprendre plus sur les façons de procéder dans les travaux de recherche
universitaire. Etant étudiant en Master, les compétences en matière d’enquête de terrain sont
indispensables pour mener à bien un mémoire de fin d’études. De plus, l’évolution progressive des recherches en fonction de la progression de la matière vue au cours m’a permis de mieux comprendre l’importance de chaque étape dans la construction d’une enquête de terrain.
A l’heure de la crise catalane ou encore de manière similaire dans le contexte belge concernant la revendication de particularisme identitaire de la Flandre et son désir d’indépendance, la thématique de l’identité abordée au cours me paraissait pertinente. Avec mon groupe de travail, nous avons décidé de nous intéresser à l’identité européenne. Après concertation avec les titulaires du cours, nous avons resserré notre attention sur les étudiants catalans, pour créer la thématique d’étude suivante : « La construction de l’identité européenne chez les étudiants Catalans ». Nous cherchons ainsi à analyser l’influence du système Erasmus sur la formation d’une identité européenne. La question est celle de savoir si l’Erasmus renforce-t-il le sentiment d’appartenance à l’identité européenne ou n’a-t-il aucun effet apparent ?
Pour procéder à cette recherche, nous avons dû mettre en place un questionnaire que nous
soumettions ensuite aux étudiants catalans rencontrés. Au travers des interviews des différentes personnes interrogées, j’ai été interpellé par une particularité : les étudiants avaient deux façons de concevoir et de parler de l’Europe. D’un côté se trouve l’Europe qui semblait susciter leur intérêt, correspond à l’image que l’on s’en fait, c’est-à-dire celle des peuples proches culturellement, avec les facilités qu’on connait en terme de transports, de monnaie, de voyage, de roaming… De l’autre côté s’oppose presque l’Europe politique, celle des institutions publiques multiples et complexes, qui n’a pas l’air de les intéresser. En effet, malgré qu’ils soient au courant des avantages que peut leur procurer l’Union Européenne, le mécanisme inhérent aux institutions leur est complètement lointain, voire étranger. Pourtant, c’est grâce à cette Union européenne que toutes les mesures permettant la libre circulation et les rapprochements entre les peuples sont mis en place au fil des années. Cela me laisse à penser qu’il y a sans doute une profonde méconnaissance du système européen, qui a pour
conséquence une appréhension de ce système flou, voire une mystification de ce dernier.
Enfin, un dernier point mérite d’être soulevé. Lors de nos interviews, les étudiants catalans se sont décrétés déçus de l’impassibilité dont l’Union a pu faire preuve au cours de la crise catalane. Ils ont ressenti ce manque d’implication comme un véritable abandon. Mais une question se pose alors. L’Union était-elle compétente et habilitée pour intervenir de manière significative dans les affaires internes à l’Etat espagnol ? N’aurait-elle pas fait preuve d’ingérence le cas échéant ?
Pour conclure ce billet, je pense que l’un des principaux obstacles à la construction de l’identité européenne dans l’esprit des différentes populations des Etats membres, sur base du cas catalan, relève de la méconnaissance par la population du système européen. Ce décalage entre ce qui est connu ou non, ce qui suscite l’intérêt et ce qui ne le suscite pas du tout ou encore ce qui est apprécié et ce qui ne l’est pas, ne pousse pas le citoyen à s’intéresser d’avantage au système construit et en construction. Il empêche donc la création d’une identité européenne.