[Groupe 8] Billet individuel de Laurent Leyssens : Des questionnaires.
Alors que le cours arrive doucement à son terme, il est temps pour moi de revenir sur un point précis de la recherche en sciences humaines et de vous exposer comment il a prit forme dans notre enquête. J’ai décidé de m’intéresser aux questionnaires et plus particulièrement la rédaction de ceux-ci. Si vous avez suivis nos différents billets collectifs, vous savez que nous travaillons sur les liens possibles qu’entretiennent identités et participation politique transnationale. Notre cas d’étude est la communauté belgo-turque bruxelloise et nous avions décidés d’étudier ces liens de causalités potentiels au-travers d’une étude par questionnaire.
Pourtant l’exercice de la rédaction et de la distribution de ce questionnaire à révélé un degré de difficulté que nous avions sous-estimé. Ainsi nous avons changé notre fusil d’épaule et sélectionné une méthode par entretiens. Étant donné qu’il s’agit d’une profonde inflexion dans notre processus de recherche, j’ai pensé qu’il était important d’y revenir.
L’enquête par questionnaire est la grande concurrente de l’enquête par entretiens en sciences humaines, elle à toujours bénéficié au cours de nos multiples réunions de travail, de ma préférence personnelle parce que j’ai considéré, et j’ai évolué sur ce point, que le questionnaire est d’avantage garant de scientificité que l’entretien. Pourquoi je pensais cela ?
Il y a d’abord, et c’est un point essentiel, le fait qu’un questionnaire interroge une population bien plus importante que les entretiens. Je parvenais mal à comprendre comment il était possible de tirer des conclusions globales et scientifiques sur un fait social et politique à partir disons d’une dizaine d’entretiens. Comment assurer la représentativité de la population totale à partir d’un échantillon aussi limité ? Ensuite l’analyse des données récoltées par la voie d’un questionnaire permet de mobiliser les outils statistiques qui me paraissaient d’avantages scientifiques que l’intuition personnelle auquel on fait appel pour analyser ses entretiens et en tirer des conclusions.
Mes collègues qui désiraient initialement réaliser des entretiens finirent par être convaincues par mes arguments. Hors nous sommes arriver récemment à la conclusion que c’était une mauvaise idée. Pourquoi ?
D’abords et avant tout parce que l’enquête par questionnaire est d’avantage chronophage et coûteuse que l’entretien. La seul impression d’un questionnaire représente un investissement financier conséquent pour des étudiants dénués de ressources. D’autant plus nous devions en posséder en français mais aussi en turc. Ensuite le temps nécessaire à la distribution du questionnaire est absolument essentiel quand on sait le délais réduit qui nous est imparti. Après avoir parcouru rues et marchés il est devenu évident que très peu de gens sont disposés à répondre à un questionnaire même le plus succin. Et ce point précis est essentiel.
Pour nous assurer une distribution maximale nous avions limité au maximum les questions. Et c’est à la suite des premières analyses des résultats que nous sommes parvenus à la conclusion que ces questions et les réponses que l’on nous donnaient étaient insuffisantes. Que notre questionnaire ne permettait pas de dévoiler toute la spécificité, toutes les nuances, dans les réponses des questionnés. A ce moment est apparu tout l’avantage de la méthode par entretiens. Elle permet d’aller en profondeur, ce qu’un questionnaire succins destiné à être distribuer en rue ne peut pas réaliser.
Voilà pourquoi nous sommes arriver à la conclusion qu’il fallait modifier notre méthode et réaliser des entretiens. Depuis je saisis mieux leur intérêt. Dépasser la surface pour plonger dans la profondeur tout en restant dans des délais de temps raisonnables.
Laurent Leyssens.