Dans le cadre du cours « Méthode d’enquête de terrain », nous sommes amenés à traiter des inégalités. Nous avons choisi de nous concentrer sur les inégalités de genre subies par les surveillantes dans le milieu carcéral belge. En effet, ce dernier est considéré comme une organisation au fondement et au fonctionnement masculins, au sein de laquelle les prisonniers et les surveillants partagent les mêmes valeurs masculines qui reposent sur une semblable dévalorisation des femmes et de leurs corps (Malochet 2005). Nous concentrerons notre enquête sur la place qu’occupe les surveillantes au sein des établissements pénitentiaires suite à une constatation générale de notre groupe : les établissements pénitentiaires sont en processus de féminisation mais des inégalités persistent.

Partant de ce postulat, notre question de recherche est la suivante : « Comment expliquer la faible présence des femmes au sein du corps des surveillants des instituts pénitentiaires masculins » ?

Cette question sera abordée au travers d’une approche constructiviste et plus précisément selon la théorie féministe matérialiste qui perçoit les inégalités de genre comme une construction sociale au sein d’une société patriarcale.

Dès lors, notre hypothèse initiale est la suivante : Plus la société perçoit la surveillance pénitentiaire comme l’exercice du pouvoir et de l’autorité sur les détenus, moins les femmes sont présentes au sein des établissements pénitentiaires.

Afin de rester fidèle à notre cadre théorique, la méthode de collecte de données reposera sur l’entretien semi-directif. En effet, celui-ci, nous permettra de bénéficier d’une bonne marge de manœuvre quant à la conduite de l’entretien et des informations à collecter. Cette méthode nous permettra également d’alimenter la recherche, dans la mesure où il est possible de récolter des informations concernant la représentations des rôles et genre dans le milieu carcéral. Notre niveau d’analyse se situe au niveau micro puisque notre étude se penche sur des individus, à savoir les surveillantes de prisons masculines.

Nous opterons pour une analyse de type qualitative car nous comptons nous focaliser sur un petit nombre de cas, et ainsi affiner notre recherche. L’entretien semi-structuré nous semble préférable à celui non-structuré. En effet, l’entretien semi-structuré nous permettra de mieux diriger l’entretien et ainsi éviter tout débordement du cadre de recherche par nos interviewés. Cependant, bien que le cœur de l’entretien soit semi-structuré nous envisageons de préparer également des questions fermées lors de notre entretien et ce dans une optique de gain de temps pour pallier la difficulté de la retranscription. Toutefois, cette méthode comporte deux principaux désavantages à savoir la liberté modérée de l’enquêteur et son faible niveau de profondeur d’analyse. Nous tâcherons de veiller à établir des stratégies pour contrer ces éventuels écueils.

Le système carcéral représente, en toute logique, un milieu sous haute sécurité, c’est pourquoi pour y accéder chaque individu doit bénéficier d’une autorisation. Notre enquête ne requiert pas d’accès spécifique aux établissements pénitentiaires, c’est pourquoi nous avons d’ores-et-déjà établi un premier contact avec toutes les prisons francophones du Royaume et obtenu un retour positif de l’une d’entre elles.

JACKSON S. 2001, Why a materialist feminism is (still) possible and necessary, Elsevier Science, York.

MALOCHET G.  2005, Dans l’ombre des hommes. La féminisation du personnel de surveillance des prisons pour hommes, Presses de Sciences Po, Paris.

MALOCHET G. 2007, Des femmes dans la maison des hommes. L’exemple des surveillantes de prison, Presses de Sciences Po, Paris.

ZIMMER, L. 1987, How women reshape the prison guard role. Gender and society, vol. 1, n°4, p.415-431.

JACKSON S. 2001, Why a materialist feminism is (still) possible and necessary, Elsevier Science, York.