GROUPE 11 – Billet collectif – L’influence de la commune sur les perspectives d’avenir des jeunes – le cas d’Anderlecht.
Dans le cadre du séminaire « Méthodes d’enquête de terrain » nous sommes amenés à traiter des inégalités et nous avons choisi de nous pencher sur l’influence que peut avoir le lieu de résidence et de vie sur l’ascension sociale des jeunes. Nous aimerions donc voir si le lieu de vie plus précaire de certains jeunes agit sur leur développement personnel. Plus précisément, il s’agira d’analyser le ressenti des adolescents et jeunes adultes d’Anderlecht face aux possibilités que leur offre leur commune dans leurs projets d’avenir. En effet, certains quartiers offrent davantage d’activités sportives, contiennent plus d’espaces verts, sont munis de bibliothèques, de centres éducatifs et ludiques ou encore offrent de meilleurs services de propreté. Ainsi, les ressources sociales, environnementales et culturelles ne sont pas égales dans toutes les communes. Par ailleurs, des différences flagrantes existent entre les communes du nord et du sud de Bruxelles. L’accès ou la présence de ces infrastructures sont, selon nous, des offres communales indispensables au bien-être, au développement et à l’épanouissement de ses habitants. Dans cette optique, nous désirons analyser si l’accès à ces infrastructures communales, sont aussi de réels outils et catalyseurs pour les jeunes dans leurs réussites sociales.
A partir de cette problématique et afin de savoir si ces infrastructures ont une réelle influence sur les choix d’avenir et opportunités futures de ses jeunes résidents, notre question de recherche sera la suivante :
Comment les infrastructures communales influencent-elles actuellement les perspectives d’avenir des jeunes d’Anderlecht ?
Nous partirons d’une approche hypothético-déductive, c’est-à-dire que nous avons fait le choix d’émettre en premier lieu des hypothèses que nous chercherons par la suite à valider ou invalider au cours de notre recherche. Afin de mener à bien notre recherche, nous utiliserons le néo-institutionnalisme comme approche théorique car celle-ci traite du fait que les institutions influencent leur environnement (les phénomènes socio-politiques) et vice-versa. Nous pensons en effet que les infrastructures communales en créant un environnement particulier ont un impact sur les choix d’avenir des jeunes. Ils opèrent donc des choix limités par rapport au contexte institutionnel dans lequel ils évoluent. C’est pourquoi nous nous positionnons aussi en accord avec le réalisme critique : la réalité de ces jeunes est construite, puisqu’il s’agit ici d’étudier leur propre perception concernant leur avenir, mais elle reste construite dans un cadre limité d’options possibles en fonction de l’environnement communal.
Ainsi, notre première hypothèse sera la suivante :
Les infrastructures publiques aident les jeunes dans leur développement personnel.
Ensuite, nous nous pencherons sur une deuxième hypothèse :
Le jeune est conscient de ce que peut lui apporter comme valorisation de son capital culturel et symbolique les infrastructures publiques.
Notre première hypothèse vérifiera si une corrélation existe entre les services offerts par la commune et l’intérêt porté par les jeunes à ces aides dans leur trajectoire personnelle. La deuxième hypothèse vise quant à elle à prendre en compte le ressenti de ces jeunes habitants eux-mêmes.
Notre but est donc de vérifier l’influence de l’environnement résidentiel sur l’ascension sociale des jeunes par des indicateurs tels que les infrastructures communales qui permettent d’augmenter l’ascension sociale. L’ascension sociale reprend le capital culturel, économique et symbolique. Dans notre cas, nous nous pencherons principalement sur le capital culturel comme indicateur d’épanouissement qui reprend l’accès à l’éducation, à l’art, à la littérature, aux espaces culturels etc. Pour finir avec le capital symbolique lié à la représentation de la commune dans l’esprit des jeunes d’Anderlecht.
Nous avons choisi la commune d’Anderlecht comme terrain d’enquête. En effet, Anderlecht est une des communes du croissant pauvre de Bruxelles. Nous nous tournons volontairement vers une commune défavorisée dans le but d’y voir plus facilement les inégalités institutionnelles. La tranche d’âge des jeunes pris en compte sera entre 16 et 22 ans. Ce groupe représente des personnes dans un moment charnière de leurs vies, celui du choix qui s’opère à la fin du parcours secondaire entre l’insertion dans le marché du travail ou la continuation des études. De plus, les jeunes en question doivent vivre depuis au moins cinq ans dans la commune, afin que ceux-ci puissent avoir véritablement développé une connexion avec leur lieu de vie.
Pour tester nos hypothèses, nous irons en premier lieu dans la commune d’Anderlecht où nous observerons les services utiles au développement des jeunes telles que les infrastructures sportives ou éducatives et l’environnement de la commune dans son ensemble. Dans un second temps, nous demanderons l’avis des jeunes habitants de la commune sur ces mêmes centres et services. Pour ce faire, nous demanderons aux jeunes qui correspondent à nos critères d’âge et vivant depuis au moins cinq ans dans la commune de répondre à un questionnaire à propos de leur parcours scolaire, activités extra-scolaires, ou encore du ressenti au niveau de la sécurité dans leur quartier. Ce questionnaire nous aidera à déterminer si le rapport qu’entretiennent les jeunes avec leur commune est positif ou négatif et si leurs habitudes de vie à Anderlecht influencent leur trajectoire sociale. L’approche méthodologique choisie est donc l’entretien individuel au travers du questionnaire que nous demanderons aux jeunes passants de remplir, complémenté par une observation de l’environnement du quartier. De fait, ces méthodes nous semblent cohérentes avec l’approche théorique choisie. En effet, nous utilisons une approche qualitative qui traite plus en détail notre étude de cas. Nous irons au plus proche des habitants, sans aller dans la globalité mais dans la précision.
La raison de notre intérêt pour cette thématique est qu’elle est d’actualité. De nombreuses recherches portent déjà sur le bien-être au sein des communes, que ce soit au niveau de la qualité de vie (pollution, facilité des transports en communs, commerces à proximité) ou de la classe sociale qui y vit. Notre originalité est d’opter pour une approche différente que de simplement constater les différences entre le Nord et le Sud de Bruxelles, celle de privilégier une véritable rencontre avec les jeunes qui vivent chaque jour dans la commune d’Anderlecht.