Les inégalités hommes-femmes dans le monde du travail sont toujours observables à notre époque contemporaine, d’autant plus dans les métiers traditionnellement associés aux hommes comme celui de la sécurité, et notamment le domaine militaire. C’est pourquoi nous avons décidé d’axer notre enquête de terrain sur ce secteur particulier. L’intégration des femmes dans l’armée belge a débuté en 1975; or, après 45 ans de service, les femmes ne représentent que 7,8% des 27 000 militaires en service actif de la Défense. Les femmes font partie de la minorité dans toutes les armées confondues. Cependant, malgré le taux faible de femmes dans la composante de l’armée de terre belge, une étude parue dans le journal RTBF met en évidence un nombre plus élevé de femme hauts gradés soit 13,9% des officiers belges dans les différentes composantes de la Défense, même si la majorité des postes d’importance reviennent encore aux hommes.

C’est à partir de ce constat que nous avons décidé de travailler sur le sujet de la place de la femme dans l’armée de terre belge et de sa position gradée. Notre question de recherche est la suivante : « Comment expliquer le différentiel entre le taux faible de femmes dans l’armée de terre belge et leur position dans les postes hauts-gradés ? ». 

Pour répondre à cette question nous allons nous intéresser à la façon dont les militaires, tout genre confondu, perçoivent la place des femmes au sein du corps des officiers. Notre recherche sera donc qualitative. L’approche qui convient au mieux à l’analyse de la représentation des femmes militaires est une approche à la fois constructiviste afin de cerner les différentes composantes identitaires qui sont associées à la femme, et féministe afin d’utiliser les études féministes qui perçoivent la femme de manière plus complète. Ces deux approches sont complémentaires car elles permettent de mettre en rapport l’image de la femme selon la littérature féministe et l’image de la femme perçue par les militaires.En ce qui concerne la méthode employée dans notre enquête de terrain, nous avons décidé de mener des entretiens semi-directifs et qualitatifs suite aux conseils avisés de M. Wasinski, professeur à l’ULB. En effet, afin de comprendre la perception de la femme au sein de l’armée, nous mènerons ces entretiens avec des militaires qui en font actuellement partie. Nous avons donc choisi de solliciter les hommes et les femmes servant dans l’armée de terre belge et de comparer les entretiens afin de voir les représentations de l’image de la femme qui en ressortent, et plus précisément la façon dont les militaires se représentent la place des femmes au sein du corps des officiers. La réalité observée grâce à nos entretiens sera influencée par le contexte dans lequel les individus se trouvent. Il serait donc intéressant d’identifier les facteurs qui vont venir influencer l’image de la femme auprès des hommes et l’image que les femmes ont d’elles-mêmes et de leurs collègues féminins et masculins.