résultats – « Les Stratégies de communication de l’OTAN »
Notre sujet de travail était de découvrir dans quelle mesure les stratégies de communication de l’OTAN fonctionnent à travers les médias. Avec un focus sur l’intervention « Unified Protector » en Libye. La mission « Unified Protector » répondait à l’appel des Nation Unies qui voulaient bloquer l’apprivoisement d’armes. L’OTAN est entrée en action le 22 mars 2011 avec une opération visant de faire respecter l’embargo des armes contre la Libye.
À travers les médias nous voulions surtout analyser l’image de l’OTAN qui est véhiculée à travers le monde. L’existence de l’OTAN est un sujet très controversé : il y a d’un côté des états qui mettent en avant l’utilité de l’activité de l’OTAN dans les relations internationales et le maintien de la sécurité et la paix internationale, et d’un autre côté des états qui remettent en question le fait que les missions de l’OTAN soient des missions de paix.
La première hypothèse que nous avons développée suppose que plusieurs médias relaient parfaitement l’image que se donne l’OTAN et qu’entre autre la couverture médiatique de l’OTAN concorde avec le concept stratégique « Engagement actif, défense moderne », adopté en 2010 au sommet de Lisbonne.
Une deuxième hypothèse découlait logiquement de cette première : les médias confirmant et renforçant l’image de l’OTAN seraient ceux qui sont proches du monde occidental, tel que « CNN » ou « Le Monde ». En effet c’est là qu’ils trouvent le plus grand écho vis-à-vis des actions prises par l’OTAN et les méthodes que cette organisation emploie. Logiquement les médias plus critiques seraient donc celles qui sont les plus éloignés des valeurs prônées par le monde occidental, dont la plupart des membres de l’OTAN font parties, tel que « Al-Jazeera » pour le Moyen-Orient ou « Sputnik » comme média représentant l’opinion russe.
Comme mentionné dans nos publications précédentes notre méthode d’enquête choisie était celle de la lexicométrie, une méthode qui correspond à une analyse quantitative de discours. Elle est fondée sur une analyse des fréquences d’occurrences de concepts dans un corpus de textes. Pour que l’analyse soit la plus pertinente, la lexicométrie requiert l’usage d’un corpus le plus étoffé possible. En effet plus le corpus sera grand, plus nous pourrons distinguer les caractéristiques exceptionnelles d’un discours.
Nous avons encouru plusieurs difficultés en utilisant cette méthode d’analyse : elle ne se suffit pas à elle-même. En effet, les informations obtenues sont des données brutes qui doivent être soumises à l’interprétation du chercheur. De plus elle nécessite également une mise en contexte des objets étudiés.
Nous avons décidé, pour effectuer cette analyse, le programme TXM qui est également utilisé dans le cadre du cours intitulé « analyse de discours politiques et médiatiques » donné par Mme. Corinne Gobin. Les textes analysés provenaient de différents médias représentant différentes zones pour que notre corpus soit le plus représentatif possible. Nous avons choisi de constituer notre corpus TXM d’une vingtaine d’articles de presse. Etant donné que le journal Le Monde est un journal francophone contrairement à Al Jazeera, Sputnik et CNN qui sont anglophones, nous avons constitué deux corpus de textes pour notre analyse. Ainsi nous avons obtenu deux résultats lexicométriques que par la suite nous avons mis en commun de façon manuelle.
Nous avons cheminé dans TXM en explorant et en utilisant tous les outils d’analyse que ce programme nous propose. Ainsi nous avons constitué un index hiérarchique pour obtenir les hautes fréquences. Nous avons obtenu une très grande fréquence d’utilisation pour des mots comme humanitaire, intervention, menace, conflit, NATO, Libye et population pour n’en citer que ceux-là. Il est vrai que ces résultats ne nous ont pas permis de confirmer ni infirmer nos hypothèses mais plutôt de les nuancer. Par la suite, nous avons dû « pivoter » nos résultats, c’est-à-dire contextualiser notre index hiérarchique dans l’environnement lexical de nos dossiers classés dans le programme TXM. Cela nous a permis d’avoir une vision générale des formes au sein de notre corpus global. Pour avoir une étude approfondie de nos résultats nous avons dû contextualiser notre index hiérarchique et comparer les hautes fréquences des différents médias avec celles des communiques de presse officielle de l’OTAN.
Après avoir analysé nos informations obtenues et contextualisées de façon manuelle nous avons pu tirer quelques conclusions pertinentes. Tout d’abord, à notre grande surprise, on constate que Al-Jazeera tend à avoir un positionnement relativement neutre. Sa couverture de l’opération « Unified Protector » est beaucoup plus considérable en comparaison avec les autres médias, sans jamais exprimer d’adhérence particulière aux positions « Kadhafistes » et reste très réservé quant au bien-fondé des frappes aériennes contre le régime de Kadhafi.
Ceci mène à l’observation de l’« effet Al-Jazeera », lié au concept de l’ « effet CNN » que nous avons déjà vu dans divers cours précédents. L’« effet CNN » désigne l’influence des médias sur la politique étrangère, notamment sur la décision d’intervenir dans un conflit armé ou suite à une catastrophe naturelle. Elle s’est répandue suite au développement des chaînes télévisées d’information continue important ces nouvelles dans notre sphère intime de façon quasi-instantanée. L’« effet Al-Jazeera » désigne plutôt l’ouverture vers une autre voie que celle des médias occidentaux qui dominent la sphère d’informations. C’est grâce au focus qu’Al-Jazeera a mis sur la situation en Libye que ces infos ont pu pénétrer à travers le mur des nouvelles occidentales. Ceci est en ligne avec cette neutralité observée dans les articles médiatiques analysées d’Al-Jazeera.
En conclusion nous supposons qu’avec plus de temps à notre disposition il aurait été intéressant d’agrandir d’avantage notre corpus de texte en analysant plus de médias différents, en incluant des médias asiatiques par exemple. Aussi est-il dommage que la contextualisation, non-prise en compte au départ, nous a fait perdre du temps. L’utilisation d’autres méthodes d’enquête, afin de pouvoir comparer les résultats ou leur pertinence, aurait également pu approfondir notre travail. A travers d’interviews on aurait pu parler avec des fonctionnaires haut-placés dans l’OTAN et même les médias différents que nous voulions analyser.
Cependant ceci nécessite des capacités et des moyens auxquels nous n’avons pas accès en ce moment. Il est tout de même intéressant de dire que le travail que nous avons effectué nous a appris à travailler avec une méthode d’enquête avec laquelle nous étions moins familier et avec laquelle nous entrons moins en contact tout au long de nos études. L’importance de la contextualisation et la recherche d’articles pertinents nous a également poussé à être plus critique à l’égard de notre façon de travailler.