[Groupe n°2] : Billet personnel de Régis LAMBERT
Tout d’abord, rappelons la thématique du sujet afin de bien situer la problématique dans son contexte global. Pour rappel notre question de recherche porte sur comment la stigmatisation de Molenbeek cause un repli identitaire/communautaire sur une population bien précise : les jeunes Molenbeekois ayant entre 18 et 25 ans. Et ce, tout particulièrement depuis les attentats franco-belges de 2015-2016.
Compte tenu de la thématique, je me suis heurté à un sérieux problème qui a fait douter notre groupe, au point à se demander si l’on ne devait pas partir sur autre chose, c’est à dire changer notre intitulé du tout au tout. Le fait est que nous avons essuyé énormément de refus.
Initialement, notre stratégie était bien définie : le but était d’avoir un maximum d’entretiens. C’est pourquoi nous avons décidé de contacter les associations de Molenbeek ainsi que les maisons de quartiers de la commune. Le projet était de rentrer en contact avec les responsables de ces associations afin de pouvoir s’immiscer dans la vie quotidienne de ces institutions, et ainsi distribuer un questionnaire destiné à récolter l’avis des jeunes. Profitant de l’occasion, nous aurions également réalisé des entretiens directement avec les jeunes présents afin d’approfondir la qualité des données récoltées par le biais d’interviews semi-directives.
Cependant, cette technique n’a abouti à aucun résultat. Pourquoi ? Premièrement, notre thématique de base ciblé les jeunes Belgo-marocains (une communauté précise parmi la population « arabe »). Dès lors, par soucis de franchise, nous précisions à chaque fois que nous voulions interroger des jeunes ayant ces origines. Mais la réponse, s’il y en avait une, de la part des responsables était pour le moins inattendue. Bien souvent, ils refusaient de donner suite et on pouvait sentir dans leurs réponses qu’ils étaient littéralement blasés d’être assimilés à cette thématique. Comme si nous n’étions pas les premiers à leur demander de parler de discrimination depuis les attentats de Bruxelles. Pour eux, le fait de parler de cette communauté en les liant à cette thématique, c’était un premier pas, certes involontaire, vers la stigmatisation, l’amalgame et la discrimination. Bien que nous précisions qu’il s’agissait d’un travail académique et non d’un exercice médiatique visant à pointer du doigt une certaine communauté, on pouvait clairement sentir qu’il s’agissait d’un sujet délicat et que face à cela, il fallait changer notre angle d’attaque.
Il a donc fallu changer notre intitulé en ciblant plus large, c’est à dire les jeunes Molenbeekois sans véritablement prendre en compte les origines. Ensuite, il a également fallu revoir notre méthode de recherche pour décrocher nos premières interviews et ainsi éviter « d’irriter » les personnes avec lesquelles nous allions rentrer en contact. La technique qui visait à passer par les institutions était infructueuse, nous avons donc décidé de faire jouer nos propres relations. Par l’intermédiaire de nos relations, nous sommes remontés jusqu’à des jeunes qui habitent la commune de Molenbeek. En faisant jouer notre réseau, nous avons ainsi pu décrocher nos premières interviews.