[Groupe 1: Résultat Final] L’identité européenne est une construction sociale
Notre postulat de départ portait sur le fait que les étudiants britanniques venant faire un stage à Bruxelles se sentaient européens, au sens où l’on pouvait parler d’une identité européenne. Mais nous pensions surtout que faire un stage au cœur de la capitale européenne stimulait cette identité.
Nos entretiens ont donc permis de répondre à notre postulat et hypothèses de départ. En effet, cette identité européenne est finalement fortement influencée par le lieu du stage, le background éducatif et social soit l’habitus, les relations sociales qui se développent à l’intérieur et à l’extérieur du lieu du stage et de l’opinion politique des stagiaires.
Nous avons donc fait le choix d’interroger les candidats sur leur parcours à la fois personnel et professionnel. Par exemple, nous avons clairement établi une corrélation entre le lieu d’enfance du candidat (Londres ou autre métropole britannique), les études supérieures, et le sentiment d’appartenance à une communauté européenne.
Au contraire, les personnes issues des zones rurales ont un avis tout à fait différent de celles issues de Londres ou autre ville de grande taille. L’environnement joue donc ici un rôle essentiel, et lorsque nous parlons d’environnement, nous prenons en compte le milieu familial, social et éducatif. Plus intéressant encore, certaines personnes venant de zones plus « écartées » mais ayant effectués leurs études supérieures dans de grandes villes, ont vu leur identité européenne évoluer. Le fait de se retrouver dans un environnement propice à l’échange internationale, à une ouverture plus grande sur le reste du monde et notamment l’Europe, a renforcé le lien qui les unie avec elle.
Les individus issus des campagnes sont à la fois mal informés des actions de l’UE, et ne tirent pas les mêmes bénéfices de l’Union que ceux vivant dans les villes. Cela se retrouve donc naturellement dans ce qui les a poussés à venir faire leur stage à Bruxelles : pure motivation professionnelle ou bien adéquation avec leurs opinions politiques ?
Dès lors, la distinction entre les candidats se fait de manière évidente, certains viennent à Bruxelles pour améliorer leur CV avec une expérience à l’étranger, d’autres, prennent bien évidemment ce facteur en compte, mais cela s’additionne d’un engagement politique; ces personnes effectuent d’ailleurs leur stage dans un environnement politisé en adéquation avec leurs idées personnelles.
Par ailleurs, notre postulat de départ spécifiait que la socialisation a un impact sur le sentiment d’appartenance européenne, les interrogés nous ont donc fait part de leurs interactions sociales et des incidences de ces dernières. La capitale européenne est déclarée comme la plus cosmopolite du continent, les britanniques qui y vivent sont donc amenés à côtoyer des personnes de nationalités différentes favorisant ainsi l’échange culturel.
Malgré des résultats qui varient par les causes citées précédemment, nous avons toutefois établi plusieurs caractéristiques communes. En effet, nous avons fait le choix d’interroger des personnes présentant des points communs, notamment leur âge, leur cycle d’étude (tous effectuent sont titulaires d’un master), leur environnement (internationalisé), et leurs lieux d’interactions sociales.
Le fait que tous les interviewés aient entre 22 et 25 ans a grandement influencé les résultats de notre recherche. Nous sommes une génération née dans l’UE et nous avons suivi les étapes de son approfondissement. Pareillement, notre jeune âge nous permet une interaction sociale plus grande avec nos pairs. Nous sommes amenés à nous retrouver dans des lieux de socialisation telle que les bars, restaurants etc, et cela influe grandement sur notre rapport à l’Autre.
Tous les interrogés qui répondaient d’une appartenance européenne ont aussi construit cette identité sur leurs interactions qui pouvaient avoir des profils différents ou semblables. Il faut dire que notre génération a été avantagé dans la construction d’une identité européenne par le développement des NTIC – nouvelles technologies de l’information et de communication, mais aussi par les programmes d’échanges scolaires tels qu’Erasmus ou les voyages scolaires. Ainsi, les individus ont voyagé sur le vieux continent, l’identité européenne est tout de suite stimulée puisque cela permet de s’ouvrir culturellement.
Enfin, beaucoup estiment que les si les britanniques sont statiquement les personnes se sentant les moins européennes, c’est parce qu’ils vivent sur une île et sont de fait plus éloignés des autres pays. Ils estiment que leur distance géographique les isole plus mais c’est surtout la politique britannique qui n’arrange pas ce manque d’identité européenne puisque même avant le référendum du Brexit, de nombreux politiques n’ont cessé de critiquer l’Union Européenne depuis l’époque de Margaret Thatcher.
Par ailleurs, quasiment toutes les personnes interrogées, et ce même si elles sont en faveur de l’Europe, répondent qu’elles se sentent en premier lieu britannique/ ou de la nationalité de leur pays (anglaises, écossaises) avant de se sentir européen. Une majorité des interrogés nous ont répondu qu’ils souhaitaient rentrer Grande Bretagne après leur séjour à Bruxelles, ils ne désirent pas s’établir dans un autre pays et certains ne voient aussi pas d’avenir concret à Bruxelles tant que le Brexit n’aura pas eu lieu et que la question des travailleurs britanniques expatriés n’aura pas été abordé.
C’est ainsi intéressant de constater que le contexte du Brexit et de l’incertitude sur l’avenir des britanniques au sein de l’UE ne permet pas aux étudiants se sentant britannique/anglais/écossais et européens d’envisager un avenir dans l’Europe et que malgré cette identité européenne qui s’est construite par la socialisation et la mondialisation, l’identité nationale prime pour les jeunes.
Nous pouvons donc nous interroger si les britanniques ayant voté Remain sont prêts à sacrifier leur vie en Grande-Bretagne pour rester vivre au sein de l’Union Européenne ou si au contraire, même chez la jeune génération très cosmopolite et mondialiste, l’identité nationale primera toujours sur une identité européenne ou mondialiste si l’on envisage la question d’un point de vue plus large.
Ce pourrait être l’objet d’une nouvelle enquête; l’avenir et les (possibles) migrations futures en provenance de la Grande Bretagne dans le but de travailler dans des organismes ou institutions européennes.