[Groupe 6] Billet collectif n°1 : L’opinion politique et le vote, conflit de génération.
On constate au sein des familles un phénomène de reproduction des préférences politiques des parents par leurs enfants. Anne Muxel, qui a travaillé sur le sujet, qualifie d’ « affiliés » les individus qui reproduisent la préférence politique d’au moins un de leurs parents. En 1997, deux tiers de la population française était considérée comme étant des « affiliés » par Muxel[1]. Selon le paradigme de Michigan, il existe une reproduction intergénérationnelle des préférences électorales. « Les enfants héritent de leur famille d’origine des préférences partisanes stables, qui fonctionnent comme des repères et leur fournissent des grilles de jugement durables. »[2]
Cependant il existe des cas de désaffiliation et c’est ce sur quoi notre enquête portera. Cette rupture par rapport au vote génère un conflit au sein de la famille. C’est pourquoi il nous a paru pertinent d’étudier dans quelle mesure est-ce que des facteurs exogènes peuvent influencer la rupture avec l’appartenance politique et donc avec le vote des parents nonobstant la tendance à la reproduction intergénérationnelle. Dès lors nous essayerons de répondre à la question suivante : comment la désaffiliation s’opère-t-elle et se justifie-t-elle ? Une hypothèse serait que le domaine d’étude influence l’opinion politique des enfants ce qui explique que leur vote diffère de celui de leurs parents.
Pour répondre à cette question de recherche, nous avons décidé de nous focaliser sur le cas des étudiants belges en science politique de l’université libre de Bruxelles, pour constater s’ils votent ou pas comme leurs parents et vérifier si le domaine d’études ou le niveau d’études influencent ou pas leur opinion politique et donc leur vote. Nous avons choisi les élections communales du 14 octobre 2018 comme étant le cadre temporel de notre recherche, étant donné que l’événement est encore frais dans les esprits. Pour réaliser notre enquête, nous avons décidé de mener des entretiens mais également de combiner ces entretiens avec un questionnaire à questions ouvertes dans le but d’obtenir des données nous permettant de conclure et de comprendre cette rupture avec les préférences politiques des parents. En effet nous désirons déterminer les facteurs qui contribuent à cette désaffiliation, connaitre le véritable moment de la rupture ainsi que les justifications avancées. Le choix des étudiants de sciences politiques de l’ULB se justifie pour des raisons de faisabilité, puisque le vote est obligatoire en Belgique cela nous garantit que les données que nous cherchons existent. Le temps de notre enquête étant limité le choix d’une population directement accessible s’imposait. De plus, nous pensons que les étudiants en science politique se livreront plus facilement à l’exercice et cela nous permettra d’obtenir un échantillon important pour la collecte et l’analyse de données.
[1] Anne Muxel, L’Expérience politique des jeunes, Paris, Presses de Sciences Po, 2001.
[2] CAMPBELL A., CONVERSE P., MILLER W., STOKES D., The American Voter, New York, John Wiley and sons, 1960.
Fernanda Rocha
Coline Gobé
Awo Daher
Pierre Mugabo
Vano Avetisyan