[Groupe 2] Billet individuel – Ségolène Misselyn
Dans le cadre du cours « Méthodes d’enquête et de terrain », nous avons décidé de nous pencher sur la question du déni colonial en Belgique. Notre recherche se base essentiellement sur les différents discours politiques à propos de la question du déni colonial et de la colonisation au Congo en tant que telle. Pour illustrer notre sujet, nous avons choisi de nous intéresser aux débats qui ont eu lieu lorsque la place Lumumba a été inaugurée et sur les différentes positions qui en font un personnage controversé. En effet, les partis politiques ont tenu des propos très différents et il nous semblait important de les analyser. Cette analyse nous a rapidement permis de constater qu’il y avait un discours dominant en Belgique qui vise à nier cette partie plus sombre de l’histoire. Effectivement, nombreux sont les propos qui tendent encore à justifier le colonialisme et qui mettent en avant les bénéfices et les progrès que cela a permis.
L’analyse de ces différents discours politiques nous a amenés à lire l’article « Pour une analyse pluridimensionnelle du discours : le discours politique » écrit par Virginie Delmas. L’article m’a semblé très intéressant car il rend compte de la complexité des discours politiques. Effectivement, l’auteure insiste sur le fait que les discours résultent d’une interaction simultanée, de différents phénomènes linguistiques ainsi que d’une situation de communication particulière. Afin de montrer leur interdépendance, elle réalise une analyse du discours de Nicolas Sarkozy durant la campagne présidentielle de 2007 sur base des différents niveaux de description, à savoir : syntaxique, sémantique, énonciatif et interactionnel. L’article nous aide ainsi à mieux comprendre en quoi consiste un discours politique et permet ainsi de mieux appréhender sa logique sous – jacente. En effet, ces discours ont pour but de convaincre l’opinion publique et il est donc essentiel de développer une attention particulière aux stratégies mises en place par ceux-ci.
Afin de saisir la complexité des débats, nous avons également porté une attention particulière aux propos du Collectif Mémoire Coloniale et Lutte contre les Discriminations (CMCLD). Il s’agit d’un mouvement décolonial animé par des associations et des militants en lutte pour l’édification d’une société décolonisée et d’une conscience. Nous avons pris rendez- vous avec eux afin de mettre en place un entretien semi directif.
Je trouve notre recherche particulièrement intéressante car elle provoque chez moi une prise de conscience d’un grave problème dans notre politique belge et qui passe pourtant malheureusement sous silence. Le conflit de mémoire est un phénomène qui existe réellement mais qui est finalement très peu médiatisé. Également absent dans les instituions publiques et dans le domaine académique, le conflit de mémoire engage une problématique plus large encore. Ce déni a des conséquences pour la cohésion sociale dans notre pays et engage la question de la racialisation des rapports sociaux entre Belges et Congolais. Dans les articles, il est fréquent de lire que les Congolais se sentent discriminés et que selon eux il y a une continuité de rapports inégalitaires. En 2010 avait lieu la commémoration des cinquante ans d’indépendance du Congo mais pour les Congolais, c’est comme si cette commémoration n’avait servi à rien. Ce ressenti général chez les Congolais m’amène à conclure qu’il reste encore un très grand travail à fournir dans le travail de mémoire.
Ségolène Misselyn