[Groupe 15] Billet collectif – Inégalités hommes-femmes et spécialisations en études de soins infirmiers

[Groupe 15] Billet collectif – Inégalités hommes-femmes et spécialisations en études de soins infirmiers

Dans le cadre du cours de méthodes d’enquête de terrain, notre groupe a choisi de se pencher sur un sujet lié aux questions de genre qui, ces dernières années, suscitent heureusement l’intérêt de nombreux chercheurs et font l’objet de grands débats sociaux et politiques. Le débat public autour de la question des inégalités entre les hommes et les femmes évolue dans plusieurs secteurs d’activités et dans plusieurs contextes différents. En politique, le Gouvernement fédéral belge peut se vanter de compter parmi ces ministres dix hommes et dix femmes, atteignant une parité idéale. Pourtant, d’autres domaines peuvent encore soulever des questionnements à ce niveau-là. L’Académie de recherche et d’enseignement supérieur (ARES) a démontré statistiquement à quel point l’écart entre le nombre de femmes et le nombre d’hommes étudiants dans le l’enseignement supérieur pouvait varier dans le temps. En outre, il a été possible d’observer des tendances particulières en fonction du genre. Notamment, les filles en première année dans le supérieur tendraient à s’inscrire dans les filières juridiques, médicales, infirmières, économiques ou encore en filière de communication et d’information. Tandis que les garçons se dirigent en majorité vers les études d’économie et de gestion. Dans le cadre de notre recherche, nous nous intéressons à la répartition genrée dans les spécialisations qui peuvent suivre les études infirmières.

L’intérêt qui nous pousse à faire cette étude est à la fois personnel et scientifique. De nombreuses personnes sont concernées et souffrent des divisions et des stéréotypes de genre dans le domaine des études et du travail. Notre intérêt est d’explorer l’inégalité homme-femme dans le contexte des études spécialisées en médecine à travers une perspective qui va dans le sens des débats de nature féministe. En outre, en tant qu’étudiantes en sciences sociales, nous avons constaté qu’une personne peut faire un choix ou un autre sans se rendre compte qu’elle est contrainte par des préjugés et des habitudes. D’un point de vue scientifique, nous sommes intéressés à vérifier si des nouveautés se présentent dans ce domaine. Il est probable qu’au cours de la longue période de temps, c’est-à-dire plus de 10 ans, quelque chose ait changé ou que ces différences soient toujours perçues surtout au cours de la période d’étude.

Nous avons également décidé d’envisager une étude de la chercheuse française Françoise Vouillot : « l’orientation est le plus puissant révélateur des déterminismes sociaux qui pèsent sur les jeunes, garçons et filles ». L’étude montre que les divisions entre les sexes sont si profondément marquées que même dans le domaine du choix personnel, celles-ci influencent le choix de l’avenir de chaque individu. Les spécialisations que nous prenons en compte sont nombreuses et certaines reflètent précisément les préjugés qui déterminent l’existence d’une profession « masculine » basée sur le risque, la tension, la force et un secteur plus « féminin », à savoir celui des soins associés à la délicatesse, la compréhension, la douceur, la maternité. En outre, il a été constaté que, souvent, de nombreuses femmes ne s’orientent pas vers les professions marquées comme masculines et exigeant des compétences scientifiques, car elles ont probablement intériorisé la croyance que le secteur scientifique est masculin. Nous soulignons également que dans la majorité des cas, il existe un lien entre valorisation du métier choisi, avec une plus grande valeur accordée aux métiers dits “masculins” qui va de pair avec un salaire plus élevé dans l’extrême majorité des cas. On peut donc voir un lien entre genre, valorisation du métier et économie. À ce stade, nous posons la question suivante : quels processus et quelles dynamiques influencent le choix des garçons et des filles vers un domaine particulier de spécialisation médicale ?

Nous utiliserons une méthode qualitative pour cette enquête. La consultation d’archives, de documents et notamment de statistiques de l’Etnic (Belgique- Ministère de la Communauté Française Etnic) de 2003 à 2014 nous permettra de comprendre combien d’hommes et de femmes s’inscrivent dans une filière donnée (Oncologie, Pédiatrie, Soins intensifs et aide médicale urgente, Salle d’opération, etc.) En outre, nous avons prévu de réaliser des entretiens avec 2 personnes par membre du groupe (10 personnes interviewées au total). Nous utiliserons les entretiens semi-directifs afin de conduire notre enquête. Les étudiants de l’ULB en médecine, tant au niveau du Bac que du Master, sont invités à participer à ces entretiens pour voir comment les hommes et les femmes répondent à nos questions en fonction également de la différence d’âge. Ce dernier élément nous aide à comprendre comment la croissance personnelle, la prise de conscience et la connaissance de soi peuvent modifier les choix de la spécialisation. Les questions seront plutôt personnelles afin de comprendre si et comment l’histoire personnelle et l’éducation dans une certaine région, ville/pays mais également le milieu familial, religieux, économique et social ont influencé ce choix qui est souvent inconsciemment conduit par la société et les préjugés. Nous aimerions également étudier la question de savoir dans quelle mesure les deux sexes ont conscience de ces inégalités mais également le rôle du discours et des actions de personnes externes comme les professeurs par exemple afin de savoir si ces derniers font une différence de traitement en fonction du genre de la personne. Nous allons également poser la question des barrières et des auto-censures que se mettent les filles qui choisssent ces filières et aussi les les barrières, subtiles ou plus franches que peuvent mettre les proches pour influencer le choix d’orientation de la personne en question selon son sexe. Des sujets tels que la confiance en soi, la perception de ce différentiel entre les sexes et la présence d’une perspective de réalisation dans l’emploi peuvent être des variables à prendre en compte. L’analyse très minutieuse sur une population de quelques individus nous semble être la solution la plus appropriée pour obtenir des réponses sur cette thématique.

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