Billet collectif n°1 – Groupe 6 : « La création d’un sentiment d’appartenance identitaire au sein du Service Européen pour l’Action Extérieure : le cas des fonctionnaires français et italiens »
Notre enquête a pour objectif de comprendre comment la présence prolongée dans un environnement ayant une culture européenne favorise le développement d’une identité européenne et d’une juxtaposition d’identités.
« Comment se développe un sentiment d’appartenance identitaire au sein des institutions européennes ? »
L’identité est un concept vaste, elle est plurielle avec l’existence à la fois d’une identité personnelle dite subjective car représentant la perception que l’individu s’en fera, et d’une identité sociale dite objective car elle permet d’identifier l’individu en fonction de son interaction avec les membres de ses différents groupes d’appartenance. Pierre Bourdieu nous éclaire à travers sa notion d’habitus en nous apprenant que l’individu se construit socialement à travers ses pratiques et interactions sociales. L’habitus construirait l’identité personnelle mais aussi sociale d’un individu.
Nous allons nous attacher à l’identité nationale et européenne. L’identité nationale dépend de critères formels, qui sont notamment caractérisés par la possession de papier d’identité et d’une langue officielle et partagée. Cette identité est également caractérisée par la perception que s’en fait l’individu, et est influencée par les interactions sociales.
L’identité européenne est une notion récente et souvent floue. Dans une enquête menée par D. Marchetti et O. Baisnée, les enquêteurs remarquent que les journalistes d’Euronews, chaîne européenne d’informations, ne savent pas définir exactement ce qu’est l’angle « européen » et le définissent plutôt négativement par ce que l’angle n’est pas : anglo-saxon, national et international. L’identité européenne dépend de critères subjectifs comme le sentiment d’appartenance, mais il existe néanmoins des tentatives d’objectivisation de cette identité, notamment à travers le développement dans les années 90 du concept de citoyenneté européenne. Cette citoyenneté demeure additionnelle à l’identité nationale et se construit “par rapport aux autres”, comme un attachement à des valeurs partagées.
Cette idée de juxtaposition identitaire sera un élément central de notre recherche, notre question de recherche qui en découle est la suivante :
« Comment le Service Européen pour l’Action Extérieure participe-t-il à la construction du sentiment d’appartenance européen chez ses fonctionnaires italiens et français ? »
Pour une question d’accessibilité, nous avons choisi d’étudier comme institution européenne le Service Européen pour l’Action Extérieure (SEAE) depuis sa création le 1er décembre 2010, et particulièrement au sentiment d’appartenance identitaire européen développé chez les fonctionnaires français et italiens de ce service, communautés parmi les plus importantes au sein des institutions européennes de Bruxelles, avec une forte attache à leur identité nationale. Il est selon nous d’autant plus intéressant de comparer ces deux groupes au regard des élections qui ont eu lieu ou ont lieu dans ces pays, et la place qu’ont ou ont eu les partis anti-européens dans ces élections. Une hypothèse serait que ces élections importantes par la place que prend le nationalisme dans le débat ont ou ont eu un impact positif sur la création ou l’approfondissement d’un sentiment d’appartenance européen.
Billet de Océane Lestage, Gabrielle Moyer-Mevel et Tennessee Petitjean.