Billet final groupe 7 : « Résultats de l’enquête menée sur la construction de l’identité au sein du 2e bataillon de commandos de l’armée belge. »
Nous sommes arrivés à l’étape finale de notre travail. Il y a plusieurs choses que nous pouvons retirer des différents entretiens que nous avons réalisés.
Nous avons pu constater que quels que soit l’âge ou le grade des personnes que nous avions devant nous, l’armée est décrite comme une institution qui rassemble des valeurs spécifiques, comme la fraternité, la discipline. Il s’agit d’un mode de vie qui est très prenant et où la disponibilité est primordiale. Les différentes personnes que nous avons interviewées considèrent majoritairement que l’armée n’est pas en marge de la société, mais en serait plus un reflet.
« (…) je trouve qu’elle suit toujours la société, qu’elle a toujours un peu de retard. S’il y a des changements dans la société, par exemple, quand les femmes ont pu avoir plus d’égalité, c’est seulement après à la Défense, que les femmes sont venues. Donc dès qu’il y a un changement important dans la société, il y a un impact à la Défense, ça va toujours prendre un certain temps. Ce n’est pas nous qui faisons les changements dans la société mais, c’est toujours une réflexion de la société[1]. »
Il y a de la diversité chez les militaires comme dans la société, même s’il apparaît que la Défense est une institution plus régulée que la société « civile ».
Parmi nos entretiens, deux intervenants considèrent que l’armée et la société « civile » n’ont rien en commun, par leurs différences de régulation ou par leurs façons de voir et de penser les choses. Il est aussi intéressant de constater que pour les autres intervenants qui estiment qu’il y a peu de différences entre l’armée et le « civil », il existe des différences de langage, comme l’utilisation de termes distincts que les civils ne peuvent pas comprendre
« Oui, par exemple, on n’a pas le même humour ! Nous, on va être plus crus entre nous. Alors qu’un copain civil à moi va me demander ce qu’il se passe. Mais nous les militaires, on prend ça comme de la camaraderie. On voit ça au 3ème degré. Donc on ne parlera pas comme ça avec quelqu’un du civil. »
Une autre conclusion que nous pouvons tirer de ces entrevues est que les para-commandos se représentent comme une unité d’élite où les différentes valeurs communes à l’armée sont mises en exergue, elles sont encore plus présentes et importantes. Une unité où la recherche de la perfection est constante dans l’exécution de leurs tâches, mais aussi dans le maintien de leur condition physique, leur préparation au déploiement et au départ en mission. Comme dit précédemment, l’une des plus grandes qualités des para-commandos est leur disponibilité. Ils peuvent être appelés à tout moment, de jour comme de nuit et être prêts en très peu de temps à être déployés.
« Je suis admiratif par rapport à notre niveau de performance, ce qu’on est capable de réaliser au niveau individuel comme au niveau collectif. Je suis admiratif de l’esprit. On parvient à réaliser des choses incroyables. On a des capacités clairement au-dessus de la moyenne du tout-venant dans beaucoup de spécialisations. Au-delà de cette notion d’admiration, il y a celle du dépassement de soi. C’est un métier exceptionnel. »
Le point central de notre sujet est qu’il existe bien une identité collective forte qui se forme parmi les paras. Selon les entretiens, elle est présente chez tous les para-commandos. Cette confiance et cet esprit de famille qui existent entre eux se forme dès qu’ils rejoignent leur unité et qu’ils ont prouvé leur place au sein de leur unité.
« Quand on sort de l’instruction c’est bien mais après il faut rester. ‘Être et durer’, ça prend tout son sens, le poignard et les ailes il faut les assumer. On a nos exercices, nos manœuvres et puis il y a les missions, même le béret, le port du béret, il faut s’avoir l’assumer. »
Il apparaît clairement que malgré la formation obligatoire et commune à tous les paras, ces derniers ne seront vraiment intégrés au groupe qu’après avoir montré de quoi ils sont capables. Le métier étant risqué, il est important pour eux de montrer qu’ils sont indispensables sur le terrain.
Que ce soit pour un gradé ou un volontaire, le processus est le même. Il faut faire ses preuves et cela se fait par les entrainements, au fil des missions, en montrant aux autres qu’on est capable d’accomplir les tâches qui nous sont demandées et de la façon dont elles sont demandées.
Ce sentiment est partagé par les officiers, les sous-officiers et les volontaires et donc commun à tous. Cette vision est également partagée par des interviewés qui font une séparation claire entre leur vie militaire et civile. Il s’agit d’une très petite partie de notre panel puisque deux interviewés sur huit essayent de maintenir un écart entre ces deux pans de leurs vies. Ils n’ont pas d’activités avec d’autres militaires en dehors de l’armée et ne côtoient pas de militaires dans leur vie civile.
Mais, pour la majorité donc, ils font de nombreuses activités avec les membres de leur unité, ils organisent des dîners, des sorties ou se voient lors d’événement comme des réunions de familles regroupant les familles de chaque membre.
Ils ne considèrent pas les autres paras comme des collègues de travail ou comme de simples amis, ils se les représentent comme une deuxième famille avec laquelle ils passent plus de temps qu’avec leur famille civile.
« C’est une famille. Si quelqu’un a un problème, on est là, on y va. Je dors plus avec eux qu’avec ma femme et je vis plus avec eux qu’avec ma famille. »
Il ressort de tous nos entretiens qu’il existe une culture militaire. Pour certains de nos intervenants, elle représente des valeurs qu’ils partagent tous. Il existe aussi de petites différences avec les « civils », on nous a donné l’exemple du respect du timing qui est inculqué à tous les militaires. Il s’agit de cet esprit, de ces traditions, de cette façon de penser qui est propre aux militaires et qui permet de se surpasser. C’est parfois un peu flou ou difficile de mettre des mots sur ce qu’ils ressentent pour certains, mais ils sont tous d’accord avec cette idée de culture militaire commune à tous. On nous a confié d’ailleurs que les militaires se reconnaissent même en dehors de l’armée par leur façon d’être ou d’agir. Il s’agit donc d’un ensemble assez large de plusieurs éléments qui se concentrent dans cette « culture » propre à la Défense et aux militaires.
« Généralement quand je vais, par exemple, si je dois aller dans une salle de sport ou que j’ai quelque chose à faire dans le civil souvent les militaires se font plus vite repérer. La façon de parler de s’organiser… Je pense qu’il y a un profil de militaire qui est repérable dans le civil, dans la manière de se comporter. »
Ce qui revient également beaucoup dans nos entrevues est cette envie des para-commandos de faire perdurer les traditions. Il y a certains points qui divergent parmi nos interviewés, notamment dans leur perception d’eux-mêmes. En effet, la majorité se considère d’abord ou seulement paras, par la spécificité de la fonction par rapport au reste de l’armée. D’autres se considèrent soit d’abord militaires, soit les deux, la notion ‘para-commando’ n’étant que leur fonction dans cette institution plus large qu’est la Défense.
« Je suis militaire para-commando. Donc d’abord militaire et para-commando car c’est une spécificité. Il faut d’abord être un bon militaire avant d’être un para-commando. On ne peut pas être para-commando sans être militaire. »
Nous avons pu aussi constater que le parcours des interviewés avant leur entrée dans l’armée diffère grandement. Même si la plupart ont grandi dans un milieu militaire via des stages faits lors de leur adolescence, ou par leurs parents militaires, certains n’ont pas du tout ce passif avec l’institution. Ce parcours n’a pas d’impact sur la construction de l’identité au sein de leur unité. Ils partagent tous un point commun : ils ont choisi de devenir para-commando car ce métier représente l’élite au sein de la Défense, la formation est plus difficile et plus éprouvante.
Pour conclure, nous voulions faire référence à l’actualité en demandant aux para-commandos leur ressenti par rapport à leur mission suite aux attaques terroristes subies par la Belgique. Deux points de vue se sont fait sentir dans les réponses. Pour certains, malgré la reconnaissance du caractère tragique des événements, il s’agit d’une mission habituelle qui se déroule sur le sol belge. Pour d’autres, il s’agit vraiment d’actes marquants. Une idée commune a pu être observée : l’attitude de chacun lors de leur réponse qui nous a rappelé qu’il s’agit bien d’un sujet grave et sensible qui n’est pas pris à la légère.
[1] Nos différentes conclusions sont appuyées par des extraits des interviews que nous avons mené parmis les membres du 2ième bataillon de commando belge. Dasn un soucis de respect pour la vie privée de ces personne et du fait de leur métier nous avons décidé de garder l’annonimat des personnes que nous avosn interviewé, c’est pourquoi nous n’avons pas référencé ces extraits.