(Groupe 10) Billet individuel – Valentin Fischer
La classification comme solution à une identification des variables.
L’aspect méthodologique est indispensable si l’on ne désire pas se heurter à une théorie fermée par des facteurs économiques ou de proximité et si l’on souhaite mettre en exergue la dimension conflictuelle des antagonismes de consommation. Il est nécessaire de, d’abord, classifier nos enquêtés (a), d’analyser dans un deuxième temps les comportements des enquêtés d’une même catégorie (b), pour, enfin, comparer les divers comportements des enquêtés des différentes catégories (c).
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Tentons d’illustrer ce billet théorique en l’adaptant à notre cas d’espèce. Il s’agirait d’abord de catégoriser les consommateurs en fonction de leur statut socio-professionnel. Pour ce faire, nous nous sommes répartis des quartiers dans lesquels investiguer, aussi bien favorisés (Uccle, Ixelles) que défavorisés (Anderlecht-Cureghem, Molenbeek). Toutefois, afin de ne pas catégoriser l’enquêté sur la simple base du lieu où on l’interroge, nous avons dressé une grille de questions relatives à sa profession, à d’éventuels enfants à charge. Sans souhaiter le ségréguer académiquement, l’idée est de s’assurer que l’enquêté soit représentatif de la moyenne socio-professionnelle du quartier, bien que cela revienne à stigmatiser le quartier en lui-même. Il est utile de préciser que le lieu de résidence ne constitue pas une variable indépendante mais un critère de classification (a). Il faudrait ensuite analyser chaque catégorie d’enquêtés successivement et établir un (ou plusieurs) comportement(s) majoritaire(s) propre(s) à chaque catégorie, tout en reconnaissant qu’à ce stade, cet optimisme théorique accuse certainement un manque de réalisme pratique (b). Finalement, l’interprétation portera sur les comportements, soit la variable dépendante qui peut être plurielle, des deux catégories et les motivations qui les engendrent, soit les variables indépendantes. Plusieurs hypothèses se présentent dès lors (c):
- – le comportement A (CA), pour des motivations de type X (mx), sera différent du comportement B (CB), justifié par des motivations de type Y (my),
- – le (CA), pour des (mx), sera similaire au (CB), mais pour des (my) diverses,
- – le CA, pour des (mx), sera différent du CB, alors même que celui-ci est motivé par des (mx) aussi,
- – le CA, pour des (mx), sera similaire au CB pour les mêmes (mx).La deuxième hypothèse listée serait la plus idéale, puisque comme l’indique G. Sartori : « La leçon à en tirer serait de choisir des entités qui sont similaires, si possible pour toutes les variables, hormis celle à étudier » (G. Sartori, « Bien Comparer, Mal Comparer », Revue Internationale de Politique Comparée, Vol. 1, N°1, 1994, p. 28). En l’occurrence, les entités seraient similaires car elles produiraient (idéalement) un même comportement (donc une variable dépendante singulière), mais pour des raisons (idéalement) différentes, celles-ci constituant les variables à interpréter, puisque le comportement C est toujours fonction des motivations m : C = ƒ(mx,my).
L’objectif de la classification est de réduire le nombre de variables en substance et d’éviter le problème « beaucoup de variables, peu de cas » (A. Lijphart, « Comparative Politics and the Comparative Method », American Political Science Review, 65, 1971: p. 686). Bien que cette expression ait été formulée dans un contexte statistique, elle s’applique à notre étude.