[Groupe 2] Billet individuel – Tania Toungouz Névessignsky

[Groupe 2] Billet individuel – Tania Toungouz Névessignsky

Mon groupe et moi-même avons décidé d’étudier un type de conflit peu traité et pourtant d’une importance significative et plus que jamais actuel, à savoir le conflit mémoriel autour de la (dé)colonisation du Congo. Ce dernier s’est exprimé au travers de différentes thématiques et mobilisations, il a été particulièrement remis sur le devant de la scène autour des revendications de ces dernières années par différents collectifs, en particulier le Collectif Mémoire Coloniale et Lutte contre les Discriminations (CMCLD), pour l’obtention d’une place Lumumba sur lesquelles nous avons dès lors décider de nous concentrer.

Pour ce faire, nous avons décidé d’analyser d’une part au travers de diverses méthodes, notamment l’entretien, le discours, les revendications portées par le CMCLD. De l’autre, pour analyser « le discours dominant », la « mémoire collective »[1], j’effectue actuellement une analyse de discours dont le corpus est principalement composé des compte-rendu des sessions des conseils communaux d’Ixelles et de Bruxelles ayant abordé le sujet de la création d’une place Lumumba depuis 2013.

A travers une analyse de discours de ces différents documents, il semble se dessiner non pas une opposition frontale, symétrique entre un discours qui serait porté par le collectif et un discours revendiqué par le « monde politique » grossièrement ; mais plutôt une opposition entre une historiographie revendiquée par le collectif, et des non-dits, des stratégies d’évitement de la part de certains acteurs politique. En effet, il ne semble pas non plus exister de parole commune, homogène des acteurs politiques. Il existe ainsi des réels relais des revendications du CMLCD dans l’arène politique (ex : CDH, ECOLO). Il semble dès lors primordial d’insister sur la nuance et de mener une analyse en profondeur.

Ce que nous souhaitions dès lors pointer est l’importance de la mise en lumière de la « dimension latente du discours c’est-à-dire les messages et valeurs implicitement véhiculé par un discours »[2]. Il semble en effet que dans notre cas d’étude c’est cette dimension qui doit être privilégiée. En effet, il ne s’agira pas simplement de confronter deux discours diamétralement opposés, mais plutôt d’aller au delà des mots pour en comprendre les significations profondes, en terme de stratégies, de mises sous silence notamment. Jusqu’ici nous avons observé que les justifications à l’opposition de l’obtention d’une place Lumumba de deux ordres : en terme de crainte pour la sécurité, la tranquillité, d’une part, par la volonté de trouver un personnage africain plus consensuel (ex : Nelson Mandela) permettant de rassembler et non pas de diviser de l’autre. Cette dernière justification semble s’apparenter à une stratégie d’évitement, d’esquive qui permettrait aux politiques de ne pas débattre directement autour de la figure de Lumumba, de ne pas se prononcer sur le fond mais de s’en distancier au nom d’une nécessité de soutenir l’unité de la commune. Cela semble témoigner de la (dé)colonisation du Congo par la Belgique comme d’une institution embarrassante chez encore certains acteurs politiques.

C’est dès lors ce que nous tâcherons de mettre en lumière dans la poursuite de cette analyse de discours qui se veut critique et qui envisage donc d’aller au delà des mots, pour en entrevoir les significations et enjeux plus profonds.

 

Tania Toungouz Névessignsky

 

[1] HALBWACHS, M., cité dans CHIVALLON, Christine: “mémoires de l’esclavages à la Martinique”, Cahiers d’études africaines, n°197, 2010, mis en ligne le 10 mai 2012, [en ligne],http://journals.openedition.org/etudesafricaines/15847 (consulté le 16 octobre 2018)

 

[2] COMAN, Ramona, CRESPY, Amandine, LOUAULT, Frédéric, et al. Méthodes de la science politique: de la question de départ à l’analyse des données. De Boeck Superieur, 2016, p. 135

 

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